La criminalité continue de reculer en Suisse
Les chiffres policiers dénotent une baisse de 6% des infractions au Code pénal. Le nombre moyen de cambriolages tombe à 113 par jour mais les actes de violence grave augmentent de 3%
La criminalité continue de reculer en Suisse. La statistique policière, publiée ce lundi, confirme la tendance amorcée il y a cinq ans. Avec 439000 infractions au Code pénal, cette baisse est de 6% en 2017. Le nombre moyen de cambriolages commis chaque jour passe de 127 à 113 et chute de manière plus impressionnante dans les cantons du Jura et de Vaud ainsi que dans les villes de Berne et Lausanne. Genève fait toujours figure de cancre en la matière.
Principal point noir de ces chiffres: le nombre de prévenus mineurs augmente de 8,3%. La majorité des délits imputés à ces jeunes — vols à l'étalage, dommages à la propriété ou encore voies de fait — sont toutefois de peu de gravité. Une hausse également dans le domaine des menaces et violences contre fonctionnaires qui grimpent de quelque 12%. Cela représente plus de 3000 cas par année, mais cette évolution peut aussi s'expliquer par moins de tolérance des autorités envers ce type de comportement.
Nombre inchangé d’homicides
Les infractions de violence restent relativement stables même si les plus sérieuses sont en légère hausse. Si le nombre de 45 homicides est exactement le même qu'en 2016, les tentatives de meurtre (191 infractions), les lésions corporelles graves (586), et les autres formes de violences d'intensité forte comme les viols (619) ou les brigandages aggravés (10), augmentent globalement de 3%. Ceux qui ont tué ou voulu le faire se sont servis d'une arme à feu (18% des cas), d'un couteau (44,5%) ou encore de la force de leurs poings (17%). La grande majorité des lésions graves ont été infligées avec une pure violence physique (54,6%). Une arme tranchante a été utilisée à 106 reprises (18%).
Environ 47% des homicides, soit 21 cas, ont eu lieu dans la sphère domestique. C'est plus que les 19 cas de 2016 mais c'est encore inférieur à la moyenne des dernières années, qui se situait autour de 25 meurtres. Les statistiques dénombrent aussi 53 tentatives d'homicide dans le cadre privé (en hausse de 2%) et 84 cas de lésions corporelles graves (-14%). La majorité de ces violences (48,3%) concerne le couple ou le couple séparé (25%).
Cybercriminalité en hausse
Les délits contre le patrimoine représentent toujours le gros morceau des infractions au Code pénal (67,5%). Les vols (136816) constituent la moitié des cas mais tous les types de vols sont en baisse et le nombre des escroqueries a également baissé de 16%. L'utilisation frauduleuse d'un ordinateur (dénoncée à 4956 reprises) a augmenté de 4% et la soustraction de données de 9% (1063 infractions). L'accès indu à un système informatique (404 affaires) est en hausse de 5%.
Géographie du crime
La répartition géographique du crime, fortement imprégnée par la proportion des pendulaires, ne subit aucun bouleversement majeur. Les cantons de Bâle-Ville et Genève restent ceux où la fréquence des délits (soit le nombre d'infractions pour mille habitants) est la plus élevée. Loin derrière viennent Neuchâtel et Vaud. Le canton du bout du lac reste donc dans le duo de tête des zones criminogènes et la baisse de 3% de son taux est quatre fois plus faible qu'en 2016. La proportion des vols et des cambriolages y est notamment plus élevée que partout ailleurs.
Au niveau national, ces cambriolages connaissent leur taux le plus bas (4,9 pour mille) depuis la révision statistique de 2009. Ils ont diminué dans 21 cantons par rapport à l'année 2016 ainsi que dans 18 villes de plus de 30000 habitants. Celles de Berne et Lausanne enregistrent les baisses les plus importantes avec au moins 3 cas de moins pour mille habitants. Les villes de Vernier et Genève sont les seules à atteindre le taux de 10 pour mille en matière de vols par effraction. Les immeubles locatifs restent la cible privilégiée des cambrioleurs, suivis des villas et des commerces.
Le profil des prévenus
Le nombre de 78184 prévenus pour infraction au Code pénal est stable. Après des années de baisse, la part des mineurs (8593 dont 1702 filles) a augmenté de 8,3%, mais plutôt pour des cas de moindre importance, alors que celle des jeunes adultes de 18 à 24 ans recule de 3% et atteint son niveau le plus bas depuis 2009. Il y a aussi eu 5600 mineurs poursuivis pour une infraction à la loi sur les stupéfiants et 585 pour une infraction à la loi sur les étrangers.
Au nombre de ceux qui ont violé le Code pénal, on retrouve 48% de ressortissants suisses, 31% d'étrangers au bénéfice d'une autorisation de séjour, 4% de personnes relevant de l'asile et 17% d'étrangers dits autres, soit des personnes de passage, des frontaliers, des déboutés ou encore des interdits. Dans cette catégorie, qui fléchit de près de 5%, figurent en bonne place les Roumains, les Français et les Italiens. Les Albanais et les Nigérians se distinguent plutôt dans la sphère des stupéfiants, où le trafic est largement tenu par les non-résidents.
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