Le Temps

Pourquoi la chirurgie et la médecine esthétique­s doivent se réinventer

-

Le public de la médecine esthétique change. Nos patients n'hésitent plus à se mettre en avant, à partager avec leurs proches et amis des images d'eux-mêmes. Facebook, Instagram, Snapchat et Vine sont les nouveaux miroirs 2.0. La jeune génération se compare, exprime son avis, échange des recommanda­tions ou tutoriels sur YouTube ou sur des blogs. Hyperconne­ctés, hyperinfor­més, les

Millennial­s – mais pas qu'eux – ne s'en laissent plus conter.

Nos patients deviennent véritablem­ent acteurs de leur beauté. Ils savent non seulement quelle interventi­on ils souhaitent, mais sont aussi au courant de ses conséquenc­es. Plus que jamais, nous devons cerner les besoins et demandes sous-jacentes de nos patients, qui n'ont pas forcément besoin de l'interventi­on dont un proche leur a parlé ou qu'ils ont découverte sur un forum. D'où l'importance de consacrer tout le temps nécessaire à la première consultati­on et à la qualité de l'analyse préliminai­re.

Ces changement­s à l'oeuvre imposent à notre profession de réinventer notre approche. A commencer par le service que nous devons à nos clients. Ceux-ci ne se contentent plus d'une interventi­on ponctuelle; plus exigeants que jamais, plus experts, ils attendent de nous un véritable suivi dans le temps. L'avenir de notre métier passe par l'établissem­ent d'une relation de confiance, personnali­sée, et dans la durée.

Aujourd'hui, nos clients ne consultent plus seulement dans l'objectif de «rajeunir», mais dans celui de «bien vieillir». Ils souhaitent être accompagné­s tout au long de leur vie par des profession­nels qui s'engagent à leur côté, les écoutent, cernent leurs besoins plus finement et proposent des solutions plus personnali­sées. Ils attendent du sur-mesure. Alors qu'hier nos patients prenaient rendez-vous pour des opérations complexes et lourdes, aujourd'hui ils veulent repousser au maximum le recours au scalpel – quitte à consulter plus régulièrem­ent.

De prescripte­ur, le médecin esthétique doit se faire conseiller, et faire de la pédagogie sa priorité. Nous devons aider nos clients à trier et hiérarchis­er les informatio­ns qu'ils ont glanées en ligne, ou par bouche à oreille. Nous devons les accueillir dans des établissem­ents où jamais l'aspect humain n'est mis de côté, les guider parmi les nombreuses interventi­ons possibles, les rassurer, les avertir des risques potentiels, ne jamais laisser un doute, une question, une peur sans réponse.

L'innovation passe par le service. Mais elle passe aussi par la technologi­e. De curative, la médecine esthétique est devenue préventive. Injections d'acide hyaluroniq­ue ou de toxine botulique, lasers dernière génération, lumières infrarouge­s ou pulsées, ultrasons…: les interventi­ons sont plus légères, plus ciblées, plus localisées. Il est, par exemple, possible d'injecter un produit dans une zone pour en corriger une autre: en comblant les pommettes, on peut par la même occasion atténuer les sillons naso-géniens.

Cependant, jamais l'innovation technologi­que ne remplacera le geste du médecin. C'est à lui de choisir ou de combiner ses produits en fonction de la morphologi­e de son client. Il lui faut parfaiteme­nt comprendre les processus de vieillisse­ment du visage s'il veut les anticiper ou les corriger d'une manière qui paraîtra tout à fait «naturelle». Certains médecins sont ainsi devenus de véritables virtuoses des injections, contribuan­t à la réputation de leur clinique.

A ce titre, je tiens à mettre en garde contre certains établissem­ents «low cost», qui, grâce à un marketing agressif, font miroiter à leurs clients des résultats que leurs médecins, parfois peu expériment­és, ne sont pas en mesure de délivrer. L'excellence ne se décrète pas. Les talents se paient. Et la qualité a un coût.

Enfin, la confiance serait un vain mot si nous n'étions pas à même d'assurer à nos patients les plus hauts standards de qualité et de sécurité. La transparen­ce doit être totale sur les prix pratiqués comme sur les interventi­ons proposées. Nous devons aussi être à même d'assurer la traçabilit­é de nos produits, de choisir les fournisseu­rs les plus exigeants, et de fournir à notre public les homologati­ons et certificat­ions les plus rigoureuse­s.

La médecine et la chirurgie esthétique­s sont à un tournant. Si notre clientèle est toujours plus nombreuse, elle est, surtout, toujours plus exigeante. Pas question, donc, de nous reposer sur nos lauriers. C'est en nous mettant toujours plus au service de nos patients que nous réussirons la transforma­tion de notre discipline. Les défis de la médecine esthétique sont enthousias­mants, ils sont autant d'opportunit­és.

De prescripte­ur, le médecin esthétique doit se faire conseiller, et faire de la pédagogie sa priorité

 ?? FONDATEUR DE LA CLINIQUE ENTOURAGE ?? FABRICE PFULG
FONDATEUR DE LA CLINIQUE ENTOURAGE FABRICE PFULG

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland