Le Temps

Le service de chauffeurs Lyft teste un modèle par abonnement

- LOÏC PIALAT, LOS ANGELES t @loicpialat

Depuis plusieurs semaines, le rival d’Uber propose un package spécial à certains de ses clients. Une étape supplément­aire vers son objectif ultime: la fin de la voiture individuel­le

La barre du milliard de dollars de revenus passée en 2017 ainsi que ses 168% de croissance observée au quatrième trimestre l’an dernier donnent au service de location de voitures avec chauffeur Lyft l’opportunit­é d’expériment­er. Depuis plusieurs semaines, le rival d’Uber a contacté plusieurs de ses utilisateu­rs réguliers pour leur proposer de tester un modèle d’abonnement. La propositio­n aurait été adressée à ceux qui dépensent en moyenne 450 dollars (426 francs) par mois en trajets Lyft.

Les options disponible­s correspond­raient à 30 courses pour 199 dollars (188 francs) ou 60 courses pour 399 dollars (378 francs). Le coût de chaque trajet doit toutefois rester inférieur à 15 dollars (14 francs).

Suivre le modèle Netflix

«Nous testons toujours de nouvelles façons de fournir aux passagers les options les plus flexibles et abordables», a commenté Lyft dans un communiqué. Son patron, Logan Green, a lui clairement affiché son objectif la semaine dernière. «A l’avenir, on ne possédera plus un moyen de transport, on s’y abonnera. Nous avons vu des industries évoluer d’un modèle de possession à un modèle de service», explique-t-il.

Logan Green fait référence au monde du divertisse­ment: les consommate­urs s’abonnent de plus en plus à des services de streaming comme Netflix (118 millions d’abonnés à travers le monde) ou Spotify (70 millions d’abonnés) et achètent de moins en moins de DVD ou de CD. La différence, c’est que l’industrie du transport représente 2000 milliards de dollars. «Les implicatio­ns [de ce système] changeront le monde», résume Logan Green.

La fin de la voiture individuel­le?

Ce n’est pas nécessaire­ment une première dans le secteur du ride-sharing.

En 2016, Uber a mis en place Uber Plus, un programme de courses à prix fixe, à San Francisco, Seattle, San Diego, Miami, Boston et Washington. Ce que la firme de San Francisco a conclu de son expériment­ation reste en revanche un mystère.

Lyft, qui réalise désormais 11 millions de courses par semaine, va recueillir un maximum de données pour déterminer si le modèle est viable et ce qui peut être amélioré. Pourquoi ne pas fixer un nombre de kilomètres plutôt qu’un nombre de courses pour un montant déterminé par exemple?

Ces essais s’ancrent dans un projet plus global de l’entreprise lancée en 2012 à San Francisco. Lyft, qui a aussi investi dans un programme de partage de vélos à Baltimore, prévoit que la voiture individuel­le aura largement disparu dans les grandes villes d’ici à 2025. C’est son cofondateu­r, John Zimmer, qui l’affirme dans un document publié en septembre 2016 et titré La troisième révolution des transports.

Lyft espère transférer à terme 80% des kilomètres faits avec un véhicule personnel en courses proposées par son service. Après tout, une voiture ne serait utilisée que 4% du temps. L’idée est de réduire le trafic (l’Américain moyen passerait 3000 heures de sa vie dans les bouchons) et la pollution en augmentant, au passage, les revenus du groupe.

A partir de quel montant un abonnement mensuel devient-il plus intéressan­t que posséder sa propre voiture? Une étude de l’American Automobile Associatio­n (AAA) estime à 8469 dollars (8035 francs) le coût annuel moyen d’un véhicule neuf, soit 706 dollars (670 francs) par mois.

Une étape vers l’objectif ultime de Logan Green et John Zimmer pourrait passer par la fin d’un deuxième véhicule du foyer, comme ils l’ont suggéré en début d’année. Une étude menée par Lyft affirme que 250000 de ses clients y ont renoncé en 2017.

Comme Uber, Lyft cherche aussi à développer sa propre technologi­e de voitures autonomes. L’enjeu est important pour les principaux acteurs du marché aux Etats-Unis: les chauffeurs représente­nt leur poste principal de dépenses. Le groupe vient d’ailleurs d’annoncer un partenaria­t avec Magna. L’équipement­ier automobile canadien a investi 200 millions de dollars dans Lyft, dont la valorisati­on dépasse désormais 11,5 milliards de dollars, contre 68 milliards pour son rival Uber. ▅

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