Baselworld doit se rapprocher de Genève
Une pluie. Une grêle. Un déluge. Les critiques à l’encontre de Baselworld ne datent pas d’hier. Mais ces dernières semaines, elles se sont multipliées. Trop chère, trop longue, trop grande, trop éparpillée, trop désorganisée, trop déconnectée, trop arrogante… la première foire horlogère du monde, qui a fermé ses portes hier, encaisse des coups de partout.
En face, le concurrent genevois, planifié idéalement en janvier, récolte les éloges. Plus homogène, plus agile, plus riche aussi, le Salon international de la haute horlogerie a parfaitement négocié le virage attendu par les marques, toujours plus nombreuses, qui s’y rendent. De salon horloger, il est devenu espace de conférences, salle de rédaction, carrefour de collectionneurs… Il a longtemps été le challenger, il passe maintenant pour le premier de la classe.
Alors bien sûr, Baselworld est un paquebot plus difficile à manoeuvrer. De l’extérieur, on imagine un simple rassemblement de marques horlogères. De l’intérieur, chaque entreprise vient en fait avec son agenda, ses ambitions, ses impératifs. Les organisateurs doivent composer avec mille sensibilités et susceptibilités antagonistes.
Par ailleurs, l’industrie horlogère traverse elle-même une vaste zone de turbulences. D’une part, le numérique révolutionne ses traditionnels canaux de distribution et de communication. De l’autre, la récente crise a consolidé la position des (quelques) plus forts mais surtout fissuré celle des (très nombreux) plus faibles. L’équation s’avère complexe.
Mais si Baselworld plie, la foire ne doit pas rompre. Certes, sa raison d’être – vendre des montres – est de moins en moins d’actualité. Mais cela reste une occasion unique de placer cette minuscule industrie horlogère suisse sous les projecteurs du monde entier. Le rendez-vous bâlois est en outre un moyen inespéré de rassembler, physiquement, tous les acteurs de la montre. Vital, à l’heure où l’on réalise que le numérique ne permet pas tout.
Cette année, les organisateurs de Baselworld ont réagi en redimensionnant la manifestation. La foire a duré deux jours de moins, le prix du mètre carré a été revu à la baisse et le nombre d’exposants est passé de 1300 à 650. Les organisateurs disent avoir opté pour une «concentration». Comprendre: le recentrage sur les plus grosses marques suisses.
A priori, la stratégie semble payante. Mais, à moyen terme, elle ne suffira pas. Bâle doit maintenant ravaler sa fierté et tendre la main à Genève. Pour apprendre de ses succès et, surtout, trouver une date qui convienne aux deux manifestations. C’est la seule solution convaincante qui renforcera l’industrie horlogère suisse dans son ensemble. Et fera, enfin, cesser le déluge de critiques.
Si Baselworld plie, la foire ne doit pas rompre