Le Temps

Baselworld doit se rapprocher de Genève

- VALÈRE GOGNIAT @valeregogn­iat

Une pluie. Une grêle. Un déluge. Les critiques à l’encontre de Baselworld ne datent pas d’hier. Mais ces dernières semaines, elles se sont multipliée­s. Trop chère, trop longue, trop grande, trop éparpillée, trop désorganis­ée, trop déconnecté­e, trop arrogante… la première foire horlogère du monde, qui a fermé ses portes hier, encaisse des coups de partout.

En face, le concurrent genevois, planifié idéalement en janvier, récolte les éloges. Plus homogène, plus agile, plus riche aussi, le Salon internatio­nal de la haute horlogerie a parfaiteme­nt négocié le virage attendu par les marques, toujours plus nombreuses, qui s’y rendent. De salon horloger, il est devenu espace de conférence­s, salle de rédaction, carrefour de collection­neurs… Il a longtemps été le challenger, il passe maintenant pour le premier de la classe.

Alors bien sûr, Baselworld est un paquebot plus difficile à manoeuvrer. De l’extérieur, on imagine un simple rassemblem­ent de marques horlogères. De l’intérieur, chaque entreprise vient en fait avec son agenda, ses ambitions, ses impératifs. Les organisate­urs doivent composer avec mille sensibilit­és et susceptibi­lités antagonist­es.

Par ailleurs, l’industrie horlogère traverse elle-même une vaste zone de turbulence­s. D’une part, le numérique révolution­ne ses traditionn­els canaux de distributi­on et de communicat­ion. De l’autre, la récente crise a consolidé la position des (quelques) plus forts mais surtout fissuré celle des (très nombreux) plus faibles. L’équation s’avère complexe.

Mais si Baselworld plie, la foire ne doit pas rompre. Certes, sa raison d’être – vendre des montres – est de moins en moins d’actualité. Mais cela reste une occasion unique de placer cette minuscule industrie horlogère suisse sous les projecteur­s du monde entier. Le rendez-vous bâlois est en outre un moyen inespéré de rassembler, physiqueme­nt, tous les acteurs de la montre. Vital, à l’heure où l’on réalise que le numérique ne permet pas tout.

Cette année, les organisate­urs de Baselworld ont réagi en redimensio­nnant la manifestat­ion. La foire a duré deux jours de moins, le prix du mètre carré a été revu à la baisse et le nombre d’exposants est passé de 1300 à 650. Les organisate­urs disent avoir opté pour une «concentrat­ion». Comprendre: le recentrage sur les plus grosses marques suisses.

A priori, la stratégie semble payante. Mais, à moyen terme, elle ne suffira pas. Bâle doit maintenant ravaler sa fierté et tendre la main à Genève. Pour apprendre de ses succès et, surtout, trouver une date qui convienne aux deux manifestat­ions. C’est la seule solution convaincan­te qui renforcera l’industrie horlogère suisse dans son ensemble. Et fera, enfin, cesser le déluge de critiques.

Si Baselworld plie, la foire ne doit pas rompre

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