La Panthère qui rugit sur Twitter
«Black Panther», le film réalisé par Ryan Coogler, offre un écrin optimiste à la communauté africaine. Les hashtags qui le concernent gazouillent plus que jamais et un signe de ralliement devenu viral essaime un peu partout
«C’est officiel», annonce le compte Twitter Movies. Avec 35 millions de tweets à lui consacrés, Black Panther est devenu le film le plus évoqué de tous les temps sur le réseau social. Le blockbuster qui porte des héros noirs et africains à l’écran relègue ainsi, grâce aux motsdièse #Wakanda, #WakandaForever, et bien sûr, #BlackPanther, Star Wars au deuxième rang.
Au-delà des classements, ce succès est le signe d’un fort ralliement identitaire autour de la communauté africaine. Sorti en février, le film de Ryan Coogler a, outre-Atlantique, renversé les stéréotypes qui gangrènent la société américaine. Deux ans après la polémique suscitée par une trop forte présence des acteurs, actrices et réalisateurs blancs aux Oscars, il est impossible de ne pas voir dans le succès de Black Panther des airs de revanche.
Selon le Journal du Geek, la superproduction de Marvel et Disney a généré quelque 630,9 millions de dollars, dont 16 millions engrangés rien que le week-end dernier. De quoi écraser les autres blockbusters: Avengers n’a recueilli «que» 623,4 millions de dollars et Les Derniers Jedi «que» 620. Black Panther constitue donc ce qu’on appelle un triomphe au box-office. Et cette consécration évidemment enthousiasme les membres de la communauté afro-américaine.
Ce sont surtout certaines de ses icônes qui sont à la source des tweets relayés. Lors de la sortie du film, Michelle Obama, ni plus ni moins, a elle-même déjà exprimé sa reconnaissance auprès de l’«équipe entière de #blackpanther» sur Twitter: «Grâce à vous, les jeunes verront enfin des super-héros qui leur ressemblent sur le grand écran […] Je sais que ce film inspirera des gens de tous milieux pour chercher et trouver le courage de devenir les héros de leur propre histoire.»
Son message succède à celui du rappeur Kendrick Lamar qui a, en janvier, présenté la bande-son du film. A eux deux, les personnalités ont généré près de 380000 retweets sous le hashtag #blackpanther. L’acteur Chadwick Boseman, qui campe le rôle du héros T’Challa (fils du roi assassiné T’Chaka, vengeant son père vêtu d’un costume de panthère noire fabriqué en vibranium souple), est lui-même aussi à l’origine d’une grande partie des messages retweetés.
Black Panther n’est certes pas le premier film qui présente un casting essentiellement formé d’acteurs à la peau noire. Mais c’est le premier qui met en scène les épopées d’un super-héros africain. Cela sonne comme un aboutissement d’un long combat contre l’esclavage et la ségrégation. Ainsi, en bousculant des stéréotypes de race et de genre, le film a donné force et espoir même aux plus grands. Un geste issu du film symbolise cette énergie. Il s’agit de la salutation d’usage au Wakanda, le royaume fictif où règne la Panthère noire: croiser les bras sur son torse. Désormais reprise planétairement, elle symbolise le rassemblement des Africains.
Adopté surtout par des sportifs noirs, le signe devient aussi viral que son hashtag, #WakandaForever. C’est d’abord, le 25 février, lors d’un match de Manchester United contre Chelsea, que Jesse Lingard et Paul Pogba l’ont esquissé. Puis, lors de tournois de tennis, au début du mois de mars, autant Gaël Monfils que Sachia Vickery ont croisé les bras face au public.
Mardi dans la journée, une nouvelle est toutefois venue obscurcir le succès de la fiction de Ryan Coogler. Son oeuvre qui campe au sommet du box-office américain depuis six semaines a été détrônée par Pacific Rim: Uprising, une histoire de robots qui luttent contre des extraterrestres voulant éradiquer l’humanité. Mais il n’est pas certain que cette nouvelle production déclenche un réflexe unificateur identique.
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Le réalisateur de «Black Panther», Ryan Coogler, et sa femme Zinzi Evans lors de la première du film à Los Angeles.