Les Assises de la santé pour revigorer le secteur
L’association des médecins et les cliniques privées, appuyées par les partis de l’Entente, visent la période après les élections cantonales pour réunir tous les acteurs du domaine et créer une nouvelle dynamique
Les acteurs privés du domaine de la santé, à Genève, sont frustrés. Le dialogue avec le secteur public et singulièrement avec le ministre de tutelle des Hôpitaux universitaires (HUG), Mauro Poggia, serait au point mort. Aucune planification hospitalière cantonale ne serait étudiée sérieusement par les autorités. Pour créer une nouvelle dynamique, ils ont annoncé l’organisation d’Assises de la santé, immédiatement après les élections cantonales (15 avril et 6 mai).
Gilles Rufenacht, président de Genève Cliniques, l’association des cliniques privées: «Les coûts de la santé sont une bombe sociale. Ils doivent être notre première préoccupation. Tous les acteurs sont conviés aux assises. Nous le faisons dans un esprit de dialogue.» «Nous devons trouver un partenariat sur la base d’un projet, aujourd’hui inexistant», a dit Michel Matter, président de l’Association des médecins du canton de Genève (AMG). Les deux associations sont soutenues dans cette démarche par l’Entente (PDC, PLR). Les intervenants en appellent à l’esprit qui avait permis, à la création de TarMed, de négocier ensemble un prix du point dans l’ambulatoire, qui reste valable dans tout le canton.
100 lits au lieu de 1000
Les HUG et sa «taille démesurée» sont au centre des critiques. «L’Etat s’est trompé, lance Bertrand Buchs, président du PDC et médecin de profession. Alors qu’il s’agit d’un hôpital universitaire, on lui demande de tout faire. Il devrait compter 100 lits, non 1000, comme aujourd’hui. Dans le canton de Vaud, on a au contraire stoppé le développement du CHUV.»
Les privés veulent notamment mettre fin au système des quotas, qui leur accorde annuellement une portion congrue d’opérations spécialisées. «Il faut étudier l’organisation de tous les hôpitaux, dont les privés, qui doivent aller vers une spécialisation. L’hôpital public, lui, doit se redimensionner», a résumé Gilles Rufenacht.
«Message intéressé»
A en juger la réaction des responsables de la santé publique, l’invitation ne suffira pas pour la réorganisation que les privés appellent de leurs voeux. Le président des HUG, François Canonica, estime que cette initiative est «extrêmement positive», même si elle résulte «en partie d’une démarche politicienne». Il rappelle enfin que «de nombreux partenariats avec le privé existent déjà». Conseiller d’Etat chargé de la Santé, Mauro Poggia retient pour sa part «qu’il s’agit de l’expression d’une bonne volonté, quand bien même, d’une part, le fait de ne pas associer les autorités sanitaires du canton ne soit pas le signe d’une volonté de passer de l’écoute à l’action, et, d’autre part, les liens de ces deux partis avec les milieux des assurances au parlement fédéral ne soient pas de bon augure quant au désintéressement du message.»
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