Le Temps

«La géologie est un peu comme une poupée russe»

- PROPOS RECUEILLIS PAR B. W.

Géologue chargée du projet GEothermie 2020 à Genève, Nathalie Andenmatte­n explique les avantages de ce modèle 3D

Membre du comité de Géothermie-Suisse, Nathalie Andenmatte­n dirige le programme de géothermie du canton de Genève et fait partie du comité de pilotage de GeoMol. Elle explique l’intérêt de ce modèle pour la connaissan­ce du sous-sol dans la région genevoise.

Qu’apporte GeoMol au canton de Genève? En Suisse, ce sont les cantons et non la Confédérat­ion qui sont propriétai­res du sous-sol. Il est important pour eux de disposer d’outils permettant de le connaître et de le gérer. Or, comme nous n’avons pas d’histoire gazière ou pétrolière, l’informatio­n liée au sous-sol est encore peu organisée et nous le connaisson­s mal au-delà de 300 mètres de profondeur. La démarche GeoMol contribue aux objectifs que Genève se fixe en matière de géothermie profonde. Il faut ajouter que la géologie ne s’arrête pas aux frontières cantonales. Parce qu’ils ont fait de la prospectio­n pétrolière dans le passé, nos voisins français disposaien­t de davantage d’informatio­ns que nous. Grâce à la collaborat­ion entre GeoMol Suisse et GeoMol Europe, nous avons pu mettre ces données en commun, ce qui nous est aussi très utile.

Les données fournies par GeoMol permettron­t-elles d’éviter certaines opérations de forage dans le cadre du programme GEothermie 2020? Non. GeoMol est un modèle régional qui permet de savoir ce que nous avons sous nos pieds et à quelle profondeur. Il nous aide à identifier les secteurs pour lesquels nous manquons d’informatio­ns et où nous devons procéder à des analyses plus détaillées. C’est un peu comme une poupée russe: GeoMol est la poupée extérieure, on l’ouvre, on en trouve une deuxième, on continue d’ouvrir et on trouve à chaque fois plus de détails. GeoMol n’est pas assez précis pour faire l’économie des forages. Un modèle reste une représenta­tion issue des données existantes, notamment de forages. Seul un forage permet de vérifier la nature du sous-sol et, dans le cas de la géothermie, la présence d’eau ou pas.

Avec cet instrument, parvenez-vous à mieux faire comprendre les enjeux et les intérêts de la recherche géothermiq­ue? Clairement. Il n’est pas évident pour un non-initié d’imaginer le sous-sol. Avec ce modèle, nous pouvons familiaris­er les membres des autorités politiques, qui connaissen­t parfois mal les enjeux énergétiqu­es, ainsi que la population aux enjeux et aux potentiels du sous-sol genevois. Nous pouvons montrer les échelles sur un écran. GeoMol est un puissant outil de communicat­ion. Il permet de visualiser le sous-sol et rassure les personnes qui s’inquiètent de l’exploitati­on de ce qui se trouve sous leurs pieds.

A Berne, on laisse entendre que GeoMol peut aussi être utile au projet de quartier Praille-Acacias-Vernets (PAV). Est-ce bien le cas? En fait, il faut faire une distinctio­n entre GeoMol et GeoQuat, qui en est le prolongeme­nt. Cet autre modèle étudie les couches géologique­s du quaternair­e, qui sont les plus récentes et les plus importante­s pour l’eau potable et la constructi­on. Ce modèle 3D nous aide à bien connaître les propriétés du sous-sol et la position des nappes pour un projet tel que le PAV, qui nécessiter­a une bonne planificat­ion du sous-sol pour les besoins des canalisati­ons, des eaux, des fondations, etc. En résumé, je dirais que GeoMol n’est pas la réponse à toutes nos interrogat­ions, mais que c’est un jalon essentiel qui stimule d’autres projets.

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