Abionic récolte les moyens de ses ambitions
La PME lausannoise a obtenu un financement de 20 millions de francs qui lui permettra de valider et de commercialiser ses tests détectant rapidement un risque de sepsis, une infection du sang parfois mortelle
Il a fallu deux ans à Abionic pour récolter la somme de 20 millions de francs. La levée de fonds a été annoncée mardi dans un communiqué de presse. «Cela n’a pas été facile. Quand la société atteint un certain stade de développement, cela devient de plus en plus compliqué de trouver du financement», explique Nicolas Durand, directeur et fondateur d’Abionic.
La PME lausannoise a désormais les moyens de démontrer cliniquement dans une étude internationale multicentrique ce test de dépistage du sepsis, une infection du sang souvent mortelle. «A partir d’une goutte de sang, le dispositif permet de détecter en 5 minutes un risque de septicémie. Ce test pourrait devenir un examen de routine à l’instar de la prise de température avec un thermomètre», espère Nicolas Durand. Grâce à cette technologie, les médecins pourraient diagnostiquer plus rapidement les patients à risque et leur prescrire des antibiotiques pour augmenter leurs chances de survie.
«Aujourd’hui, cet examen n’est pas systématique et les résultats sont obtenus après plusieurs heures. Or, chaque minute compte. De nos jours, un décès sur deux aux soins intensifs est lié à un état sceptique, précise Nicolas Durand. Les coûts engendrés par la septicémie ont été évalués à 27 milliards de dollars en 2017, uniquement aux EtatsUnis.»
Plus de 300 patients dans 14 centres de soins intensifs en Suisse (l’Inselspital de Berne et les HUG de Genève), en Italie, en France et en Grande-Bretagne participeront à cette étude internationale qui démarrera en avril prochain sur une durée de douze à dix-huit mois. Le financement obtenu permettra aussi de démarrer la phase commerciale du test, prévue dès la mi-2019.
Peter Brabeck-Letmathe parmi les investisseurs
Pour réussir cette levée de fonds de 20 millions de francs, Abionic a su convaincre de nombreux entrepreneurs, à l’exemple de Pierangelo Bottinelli, président du fonds d’investissement Symphony et actionnaire d’Audemars Piguet, Philippe Glatz, président de la clinique des Grangettes, Peter Brabeck-Letmathe, président de Nestlé, Arkady Volozh, cofondateur du moteur de recherche russe Yandex ainsi que Jean-Bernard et Nelson Dumas, propriétaires de l’entreprise valaisanne Dumas Construction. La plateforme de crowdfunding Investiere et la Banque cantonale de Zurich ont aussi participé à l’opération.
Pour la commercialisation du test détectant le sepsis, Abionic espère conclure un accord avec un distributeur, comme elle prévoit également de le faire pour ses autres tests détectant des carences en fer ou des allergies. Nicolas Durand souhaite conserver l’indépendance de son entreprise le plus longtemps possible. «Mais nous ne sommes pas à l’abri d’un rachat. Les fondateurs n’ont évidemment plus la majorité du capital et ne sont plus les seuls à décider», dit-il.
En attendant, la PME, qui emploie aujourd’hui 40 personnes sur le site du Biopôle d’Epalinges et qui prévoit d’ouvrir une dizaine de nouveaux postes d’ici à la fin de l’année, va s’agrandir. Elle veut doubler ses locaux et accroître la cadence de sa ligne de production. «Nous sommes en mesure de produire plusieurs milliers de tests chaque année», note Nicolas Durand, qui ne révèle toutefois pas le chiffre d’affaires de son entreprise.
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«A partir d’une goutte de sang, notre dispositif permet de détecter en 5 minutes un risque de septicémie» NICOLAS DURAND, DIRECTEUR ET FONDATEUR D’ABIONIC