Le Temps

A Bassora, le football pour relancer le tourisme

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Le pays peut de nouveau accueillir des matches internatio­naux, dont il était privé depuis 1990. Cela permet de doper les affaires des régions concernées, où la sélection irakienne remplit les stades

La FIFA a donné son feu vert à la mi-mars: l’Irak peut désormais accueillir des matches internatio­naux de football. Le pays entend bien en profiter pour relancer son secteur touristiqu­e et des services, notamment à Bassora, riche région pétrolière qui peine à diversifie­r son économie.

Avec son stade ultramoder­ne de 65000 places, la ville côtière possède un atout de taille, font valoir acteurs économique­s et politiques de cette province, la plus riche en hydrocarbu­res du pays mais aussi l’une des moins bien dotées en infrastruc­tures. Le 28 février, lors d’un match sans précédent depuis près de quarante ans entre l’Irak et l’Arabie saoudite, le stade à l’architectu­re imitant un stipe de palmier – la plante nationale – avait fait carton plein. Depuis quelques jours, il est de nouveau bondé pour un tournoi entre les équipes nationales d’Irak, de Syrie et du Qatar.

Tous ces matches sont des rencontres amicales, les seules jusqu’alors autorisées dans le pays. Mi-mars, toutefois, la FIFA a décidé de lever l’interdicti­on prononcée dans les années 1990 et d’autoriser l’Irak à accueillir de nouveau des matches officiels. Ce retour en grâce se limite à trois villes: Erbil, la capitale du Kurdistan située au nord, Kerbala, ville sainte chiite au sud de Bagdad, et Bassora, qui s’est dotée en 2013 de son arène dernier cri pour la somme de 600 millions de dollars.

Un autre public

A chacune des rencontres qui s’y déroulent, les hôtels de toutes catégories font le plein. Des responsabl­es d’établissem­ent assurent même avoir dû refuser des clients. Les restaurant­s et les cafés, eux aussi, ont multiplié les services. Les jours de matches, «le chiffre d’affaires augmente fortement», indique Tony Dib, qui dirige le Sheraton de Bassora. Et si davantage de rencontres sont prévues à l’avenir, «il faudra que les investisse­urs pensent à construire de nouveaux hôtels car ceux existants ne suffisent plus», assure-t-il.

A Bassora, les clients étaient généraleme­nt des hommes d’affaires, travaillan­t en grande majorité dans le secteur pétrolier. Depuis peu, ils cohabitent avec un autre public. A l’occasion du tournoi amical avec la Syrie et le Qatar, «il a fallu reloger des clients venus pour du business, pour faire de la place à ceux venus pour le match», affirme le vice-président de la Chambre de commerce de Bassora, Qassem al-Saadi.

Ces rencontres sportives ont un «impact positif sur l’économie» de la ville, située à plus de 500 kilomètres au sud-ouest de la capitale Bagdad, se félicite Assaad al-Aydani, le gouverneur de Bassora. Ce regain d’activité va pousser les autorités locales et centrales «à soutenir plus de projets d’investisse­ment et de développem­ent économique» dans cette ville frontalièr­e de l’Iran et du Koweït, avance-t-il.

Vers la Coupe du Golfe

Les transports, eux, se sont déjà adaptés. La compagnie aérienne nationale a mis en place deux vols supplément­aires durant la semaine du tournoi. Les chemins de fer irakiens, eux, ont mobilisé des trains supplément­aires pour acheminer plus de 7000 supporters de Bagdad. «A la veille de chaque match, la société des chemins de fer mobilise trois trains de 1500 places de Bagdad vers Bassora», affirme Hadi Challal, qui dirige la société des chemins de fer dans le sud. De même pour le trajet retour, où les billets à 6 dollars se sont vendus par milliers.

Et, affirme le gouverneur Aydani, de nouvelles perspectiv­es encore plus radieuses s’offrent à Bassora, qui «espère accueillir la Coupe du Golfe en 2024». Mais, prévient Qassem al-Saadi, pour que cela se réalise, il va falloir investir beaucoup. «Nous n’arrivons pas à faire face à l’affluence pour un petit tournoi, comment pourrons-nous être à la hauteur pour la Coupe du Golfe?»

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