Fraîcheur et terroir à l’Opéra de Lausanne
La saison 2018-2019 de l’Opéra de Lausanne, présentée ce mercredi, se veut locale et originale, alliant opérettes classiques et spectacles surprenants, artistes romands et étoiles internationales
Des poireaux et de la saucisse au chou. Mardi, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, l’Opéra de Lausanne prenait des airs de marché du terroir. Dans le vestibule, un chariot de légumes et, sur les affiches, des commerçants lausannois qui prennent la pose. Tandis qu’une pâtissière promet des «variations délicieuses», un boucher vante des «morceaux de choix»: symboles d’une programmation 2018-2019 aux couleurs délibérément locales.
«Notre public est à 90% vaudois, rappelle Eric Vigié, directeur de l’Opéra. Au lieu de courir constamment derrière les grands noms internationaux, nous pensons aussi à la scène régionale, en soutenant par exemple des chanteurs et musiciens du canton.»
Et des oeuvres chères au patrimoine, à l’image de L’Histoire du soldat. Ce mimodrame, composé par Stravinsky sur un texte de Ramuz, ouvrira la saison… à l’endroit même où il est né, il y a cent ans exactement. Le 28 septembre 1918, ce conte sur le destin d’un jeune soldat damné était monté au Théâtre municipal de Lausanne, sous la direction du chef veveysan Ernest Ansermet.
Cette fois, Alex Ollé, directeur artistique de la troupe catalane La Fura dels Baus, en proposera une version largement inspirée du film de Dalton Trumbo Johnny s’en va-t-en guerre, avec une mise en scène truffée d’appareils vidéo sophistiqués, dans une ambiance médicale et inquiétante.
Mozart façon «Ile de la tentation»
Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge-Atelier de Genève, présentera lui aussi une «revisite» pour le moins originale: Così fan tutte, de Mozart, façon émission de téléréalité. «Imaginez cette histoire de confusion des sentiments transposée dans l’univers de «L’Ile de la tentation», détaille Eric Vigié. L’occasion d’accueillir pour la première fois Joshua Weilerstein, directeur artistique de l’Orchestre de chambre de Lausanne, mais aussi Valentina Nafornita, soprano moldave éclatante.
Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne misera sur une nouvelle production de La Chauve-Souris, célèbre opérette de Johann Strauss qui allie bulles de champagne et folle nuit viennoise. Un classique qui tranchera avec le passage, au début du mois de décembre, de l’Arménien Ara Malikian, véritable showman à la crinière de lion qui brandit son violon comme une guitare électrique. Ou avec Mam’zelle Nitouche, vaudeville-opérette typiquement parisien signé Hervé qui verra Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, monter sur scène pour un rôle totalement déjanté… voire fugacement dénudé. «Cela plaira à ceux qui veulent rire et découvrir, glisse Eric Vigié. A l’Opéra, il nous faut un peu de tout!»
Un peu de bel canto donc, et pas des moindres, avec le grandiose Anna Bolena de Donizetti, opera seria au rôle-titre exigeant qu’empoignera la soprano italienne Maria Grazia Schiavo («un finale avec un bon quart d’heure de chant quasi continu… avant la décapitation!»). Un peu de ballet aussi, le mois d’avril annonçant le retour du Béjart Ballet sur les planches de l’institution après deux saisons d’absence.
Pour clore cette saison copieuse et variée, l’Opéra de Lausanne emmènera sur les routes de Suisse romande, en juin et juillet 2019, Les Chevaliers de la Table ronde. Cet opéra-bouffe d’Hervé, qui pastiche le Moyen Age en musique, s’adresse aux amateurs d’humour et de mélodies populaires qui se régaleront des aventures de Merlin et de dame Angélique.
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