Nicolas Sarkozy face à un deuxième procès
L’ancien président a été de nouveau renvoyé jeudi en correctionnelle pour «corruption» dans l’affaire dite «des écoutes»
Nicolas Sarkozy va-t-il être lâché par la droite française? Après sa garde à vue et sa mise en examen le 22 mars pour «corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics» dans l’affaire des financements libyens, l’ancien président français s’était défendu bec et ongles sur le plateau de TF1. Les principaux responsables du parti Les Républicains – l’ex-UMP, dont il était redevenu le patron après son retour en politique, fin 2015 – l’avaient alors imité, parlant d’acharnement judiciaire de la part des magistrats chargés d’instruire le dossier des présumés versements en espèces reçus du régime Kadhafi dans les années 2005-2007, et supposés avoir servi à financer la victoire présidentielle de 2007. Une semaine après, la décision des juges de le renvoyer jeudi devant un tribunal correctionnel pour «corruption» dans l’affaire dite des «écoutes téléphoniques» a sérieusement plombé l’atmosphère dans les rangs conservateurs. Fait inédit sous la Ve République, l’exchef de l’Etat avait en effet déjà été renvoyé en procès en février 2017 pour une autre affaire, celle de la surfacturation de sa campagne présidentielle perdue de 2012 par la société Bygmalion.
Le harcèlement judiciaire plus difficile à évoquer
Le voici donc assuré de se retrouver de nouveau sur le banc des accusés, ce qui ne préjuge aucunement bien sûr du verdict final. Nicolas Sarkozy reste présumé innocent. Il peut aussi arguer du fait qu’en 2013, malgré les soupçons, les juges l’avaient relaxé, lui évitant un procès dans l’affaire des milliards évaporés de Liliane Bettencourt. La difficulté vient de l’avalanche de mauvaises nouvelles. Si l’enquête sur les financements libyens qui a entraîné sa mise en examen récente aboutit elle aussi à un procès, Nicolas Sarkozy aura de plus en plus de difficulté à expliquer qu’il est victime d’un harcèlement judiciaire. Dans le dossier des «écoutes téléphoniques», l’ex-locataire de l’Elysée est accusé de «corruption passive» et «trafic d’influence» pour avoir tenté de faire pression sur un juge… afin de se renseigner sur l’affaire Bettencourt. Il avait aussi éludé les interceptions téléphoniques en utilisant un portable loué sous son pseudonyme. L’ex-président a toujours jugé inacceptable d’avoir été mis sur écoute, mais son comportement de l’époque n’a fait qu’attiser les suspicions.