«Les résidents sont beaucoup moins autonomes»
Le secrétaire général de l’Association vaudoise d’établissements médico-sociaux, François Sénéchaud, réagit au témoignage d’Amandine De Dea Le manque de temps auprès des patients et les traitements «déshumanisants» dénoncés par Amandine De Dea semblent provenir d’un problème d’effectif dans les EMS. En êtes-vous conscient? Les effectifs sont limités, certes, mais ils sont fixés par la loi et respectés dans les EMS. Le terme «déshumaniser» est extrêmement fort comme affirmation et ne pas doit être utilisé à la légère. Dix minutes pour coucher chaque patient, parfois sans leur brosser les dents ni leur changer la couche, c’est alarmant? Je ne pense pas que cela corresponde à la réalité de ce que l’on vit dans les EMS. Un tel traitement devrait être signalé en déposant plainte. Or nous ne sommes pas au courant de pareilles allégations. Des pensionnaires «trop agités» à qui l’on donne des sédatifs, d’autres que l’on couche en milieu d’après-midi, toujours par manque de temps et d’effectif, est-ce tolérable? L’accusation de contention médicamenteuse est grave. Par contraste, de nombreux EMS ont élargi leurs horaires, pour pouvoir accompagner les résidents au-delà du repas du soir et leur proposer notamment des animations. De plus, la nouvelle directive dotation adoptée en 2014 a augmenté le nombre de veilleuses de nuit en EMS. Le Contrôle interdisciplinaire des visites en établissements sanitaires et sociaux (CIVESS) veille à l’application de ces mesures obligatoires. En dix ans, qu’est-ce qui a changé dans les EMS vaudois? Le profil du résident n’est plus le même. Au niveau suisse, les cantons de Vaud et de Genève sont ceux qui maintiennent le plus longtemps les gens à domicile. Lorsqu’ils arrivent en EMS, les résidents sont beaucoup moins autonomes qu’avant. Le changement principal est lié à leur état de santé, plus qu’à la dotation de personnel, car il n’y a pas moins de personnel par patients aujourd’hui qu’auparavant. Dans le même temps, les EMS ont diversifié leurs prestations. Ainsi, aujourd’hui, 50% des bénéficiaires de nos services ne sont pas résidents en EMS. C’est sans doute une des clés pour le futur, qui verra la palette des prestations continuer à s’élargir, combinée avec la réversibilité de certaines pathologies. L’augmentation du nombre d’EMS ne sera ainsi pas forcément proportionnelle au vieillissement de la population.