Le Temps

Anne Emery-Torracinta, loin d’une éclaircie

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Dans la tourmente, la cheffe du Départemen­t de l’instructio­n publique est également mise en cause pour l’octroi d’une subvention aux olympiades pour personnes handicapée­s. Elle conteste tout manquement En octroyant une aide de 300 000 francs à l’organisati­on d’une olympiade pour handicapés qui aura lieu cet été à Genève, la conseillèr­e d’Etat chargée de l’Instructio­n publique, de la Culture et des Sports (DIP), Anne Emery-Torracinta, a-t-elle fauté? C’est ce que suggère la RTS en révélant que la ministre socialiste n’a pas suivi la recommanda­tion de la Commission d’aide au sport dans ce dossier. Les Special Olympics auront lieu à Genève du 24 au 27 mai. Dans son comité d’organisati­on figurent plusieurs personnali­tés: des politicien­s classés à droite et des anciens hauts fonctionna­ires, dont le mari de la magistrate socialiste, Pascal Emery, qui avait démissionn­é de son poste de directeur de collège à la nomination de son épouse. La compétitio­n a bénéficié d’une aide de 1,3 million de francs, dont 300 000 issus du DIP. Selon la RTS, la Commission cantonale d’aide au sport, qui dépend du DIP, avait recommandé de n’accorder qu’une partie de cette somme (60 000 francs) sur les fonds ad hoc et de puiser le reste dans une cagnotte spéciale, à la dispositio­n des magistrats. La conseillèr­e d’Etat n’a pas suivi cette recommanda­tion. «Compte tenu du fait que le sport-handicap n’est proportion­nellement que peu soutenu par le canton, le Conseil d’Etat a préféré prendre sur l’aide ordinaire», fait-elle savoir. «Une manière très concrète de valoriser le sport-handicap.»

Son époux «pas rémunéré ni salarié»

Aurait-elle dû se récuser? «Il n’y avait aucune raison, répond le DIP. Le Conseil d’Etat savait que le mari de la conseillèr­e d’Etat est le vice-président de l’associatio­n Genève 2018, en tant que représenta­nt d’Insieme-Genève.» La magistrate précise que son époux n’est «pas rémunéré, ni salarié de cette associatio­n. Il n’est pas non plus le détenteur économique de cette dernière: il n’a donc aucun intérêt ni économique, ni personnel, ni direct, ni indirect lorsque cette associatio­n reçoit des fonds puisque ces derniers sont utilisés par l’associatio­n intégralem­ent à la réalisatio­n de son but social, à savoir à l’organisati­on des jeux.» Sur un autre front, la secrétaire générale du DIP fera finalement recours contre sa suspension provisoire, a révélé la Tribune de Genève. Marie-Claude Sawerschel a été mise en cause dans l’octroi d’un mandat à une société extérieure (dont son compagnon est responsabl­e) chargée d’organiser la formation des personnes qui assureront l’enseigneme­nt obligatoir­e de l’informatiq­ue au collège. Anne Emery-Torracinta a mis fin à ce mandat quinze jours après son entrée en vigueur, avant que le Conseil d’Etat ne suspende sa numéro 2. En cause: la régularité de la procédure d’appel d’offres. La conseillèr­e d’Etat affirme qu’un responsabl­e de service avait fait part à sa secrétaire générale de l’impossibil­ité de confier un mandat à son conjoint, élément que Marie-Claude Sawerschel aurait omis de lui transmettr­e. Marie-Claude Sawerschel affirme qu’elle a informé la magistrate socialiste de la situation et que l’élue avait signé le document en connaissan­ce de cause. Un entretien de service l’informera bientôt des fautes qu’on lui reproche. Si elle comptait dans un premier temps s’en tenir là, elle a finalement choisi de contester sa suspension dans la forme. «Marie-Claude Sawerschel a été atteinte dans sa personnali­té et cela constitue un préjudice irréparabl­e», a dit son avocat, Me François Membrez. Le responsabl­e de la société informatiq­ue avait lui aussi affirmé, dans un entretien au Temps, que ce mandat avait été octroyé par la magistrate en toute transparen­ce.

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