Le Temps

Des touristes suisses pris en otage au Cameroun libérés

Douze touristes italiens et tessinois ont été détenus pendant quelques heures. Ils se trouvaient dans la partie anglophone du pays, en proie à un conflit séparatist­e violent

- BORIS BUSSLINGER/ATS @BorisBussl­inger

Douze touristes occidentau­x, cinq Italiens et sept Tessinois, ont été libérés lundi 2 avril par l’armée camerounai­se, a annoncé le ministre de la Communicat­ion du pays dans un communiqué paru mercredi. En excursion de trois semaines avec African Adventures, un tour-opérateur tessinois spécialisé dans les voyages «off road» basé à Lugano, les Européens n’ont été détenus que quelques heures.

Une situation confuse

Contacté par La Regione, l’organisate­ur du voyage Athos Ghiringhel­li était présent sur place. Celui qui est également propriétai­re de l’agence African Adventures évoque un simple «petit problème en route»: «Un barrage d’hommes armés a arrêté nos véhicules à l’extérieur d’un village sur la route qui mène à l’attraction touristiqu­e Twin Lakes, dans le sud-est du pays, raconte le Tessinois. Bien qu’il ait été difficile d’interpréte­r correcteme­nt la situation, nous avons été traités avec respect et n’avons pas eu l’impression que nos vies étaient en danger.» Commencée aux alentours de 16 heures, la prise d’otages a connu son épilogue après qu’un accord a pu être trouvé au moment de l’arrivée des forces gouverneme­ntales, vers minuit. «Le voyage devrait maintenant se poursuivre en direction du Tchad», ajoute Athos Ghiringhel­li.

Philosophe, l’un des otages a posté sur Facebook une photo prise ce mercredi à Yaoundé, avec ce commentair­e: «Le Cameroun plein de coups de théâtre… En compagnie des brigades spéciales, pas si rapides que ça.» Le DFAE a confirmé que tous les membres du groupe étaient en bonne santé. Actuelleme­nt en visite officielle en Chine, Ignazio Cassis a été tenu au courant des développem­ents et la Suisse est en contact avec les autorités camerounai­ses afin d’obtenir des clarificat­ions sur l’événement.

Si l’identité précise des preneurs d’otages reste à confirmer, les soupçons se dirigent actuelleme­nt vers un groupe indépendan­tiste nommé Ambazonia Defence Forces (Forces de défense de l’Ambazonie). Dans un pays à majorité francophon­e, ce groupe armé provenant de la minorité anglophone dénonce sa discrimina­tion et se bat pour un Etat indépendan­t, la «République fédérale d’Ambazonie». En octobre 2017, l’Etat camerounai­s avait déjà vivement réagi à une déclaratio­n symbolique d’indépendan­ce du mouvement, dont le président aurait été arrêté en début d’année au Nigeria. Il s’agit du deuxième enlèvement d’étrangers dans la région depuis le début de 2018. Les voyages à destinatio­n du sud-ouest camerounai­s sont par ailleurs déconseill­és par le DFAE.

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