Le Temps

L’empire des caisses de pension ne cesse de s’étendre

Les caisses de pension gèrent 41 355 milliards de dollars, soit une hausse de 50% en dix ans. En Suisse, elles gèrent 906 milliards, ce qui place le pays au septième rang mondial, selon Willis Towers Watson

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Les caisses de pension détiennent une part croissante du gâteau de la gestion des capitaux dans le monde. En 2017, leurs avoirs ont augmenté de 4800 milliards de dollars, soit de 13%, dans les 22 principaux pays analysés au sein de la «Global Pension Assets Study», un document publié mercredi par le consultant Willis Towers Watson. La progressio­n, qui peut paraître exceptionn­elle, doit être relativisé­e. En comparaiso­n, un portefeuil­le composé à 60% d’actions internatio­nales et à 40% d’obligation­s a en effet gagné 16,4% l’an dernier.

Avec 41355 milliards de dollars en leur sein, les fonds de pension représente­nt 67% de l’économie des 22 principaux marchés et atteignent un montant supérieur de 50% à celui de 2007. Leur taille équivaut au total des fonds de placement et à plus de six fois l’argent géré par les fonds souverains du monde entier.

En Suisse, le septième plus grand marché avec une part de 2,2%, les instituts de prévoyance gèrent 906 milliards de francs (sans tenir compte des fonds gérés par les assurances). Ce total correspond à 133% du PIB (112% en 2007) et dépasse ainsi la moyenne mondiale, située à 67%, même s’il n’est pas le plus élevé du monde. Aux Pays-Bas, les fonds gérés par les caisses de pension atteignent 193,8% du PIB.

Une progressio­n constante sur vingt ans

La progressio­n des fonds de pension est impression­nante. Sur vingt ans, la hausse annuelle (en dollars) est de 5,8% en Suisse, contre 6,2% dans le monde. Le marché américain est leader mondial, avec 61,4% du total, devant le Royaume-Uni, avec 7,5%.

Les chiffres sont «certes réjouissan­ts, mais les marchés sont aussi exceptionn­ellement florissant­s», estime Stephan Wildner, responsabl­e de la prévoyance au sein de Willis Towers Watson en Suisse.

Ce dernier se félicite de la hausse du rapport entre les actifs des fonds de pension et le PIB ainsi que de l’améliorati­on de la gouvernanc­e. La profession­nalisation de la gestion institutio­nnelle se traduit aussi par la diminution du «biais domestique» au cours des vingt dernières années. En effet, la pondératio­n des actions locales a chuté de 68,7% en 1998 à 41,1% en 2017.

La Suisse présente la pondératio­n la plus uniforme des exposition­s, avec des proportion­s presque égales entre les actions (33%), les obligation­s (34%) et les autres actifs – surtout l’immobilier. Elle dépasse aussi les autres pays en termes d’allocation aux actifs étrangers, sans doute en raison de l’environnem­ent de taux négatifs, selon l’étude.

Toujours moins d’actions en portefeuil­le

Le consultant constate une baisse marquée de la part des actions dans les fonds de pension. En 20 ans, elle est passée de 57 à 46% au sein des sept principaux marchés.

La gestion des risques et la diversific­ation restent des priorités dans la politique de placement, ainsi qu’en témoigne la forte hausse des actifs non cotés. Celle-ci est passée de 4% en 1997 à 20% actuelleme­nt. «Des stratégies de plus en plus sophistiqu­ées ont été développée­s pour élargir les possibilit­és de diversific­ation», constate Jérôme Franconvil­le, responsabl­e des services d’investisse­ment de Willis Towers Watson en Suisse.

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