Le Temps

Face au Congrès américain, Mark Zuckerberg «sera dans une pièce de théâtre»

Le cofondateu­r et directeur de Facebook s’expliquera à Washington le 11 avril. Avant lui, les directeurs d’Apple et de Google ont déjà subi ces auditions, sans dommage

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Mark Zuckerberg avait affiché sa bonne volonté il y a deux semaines lors d’une interview au site spécialisé Wired – «Si je devais être la personne la mieux informée à Facebook, dans la meilleure position pour témoigner, je le ferais avec plaisir.» Mercredi, le cofondateu­r et directeur du réseau social a accepté de témoigner devant le Congrès, à Washington. L’audition débutera le 11 avril à 10h locales (16h heure suisse) devant la Commission du commerce et de l’énergie de la Chambre des représenta­nts.

Cette audition portera avant tout sur le scandale suscité par l’affaire Cambridge Analytica, qui a éclaté en mars. Le réseau social est accusé d’avoir laissé les données de cinquante millions d’utilisateu­rs être siphonnées, via un sous-traitant, par Cambridge Analytica, une entreprise britanniqu­e spécialist­e de l’influence politique. Mark Zuckerberg avait attendu plus de deux jours après le début de ce scandale pour s’exprimer. Il avait reconnu la «responsabi­lité» de Facebook, avait admis «des erreurs» mais ne s’était pas directemen­t excusé.

Action en recul

Depuis le début de cette affaire, l’action de Facebook a perdu 18,6%. Le titre chutait de 3,5% mercredi en fin d’après-midi alors que le Nasdaq perdait 1%.

Depuis, l’homme a vu les convocatio­ns se multiplier. Aux EtatsUnis, d’abord, où trois commission­s du Congrès ont demandé à Mark Zuckerberg de s’expliquer en personne. Toujours à Washington, la Federal Trade Commission a ouvert une enquête sur Facebook – notamment pour déterminer si le réseau social avait violé un accord passé avec elle concernant les données – et demandé à son directeur de témoigner, sans réponse pour l’heure. En Europe, Mark Zuckerberg a d’ores et déjà décliné une demande britanniqu­e de témoigner, préférant envoyer deux de ses adjoints. Une invitation issue de la Commission européenne n’a pour sa part pas encore reçu de réponse.

Que va risquer Mark Zuckerberg lors de ces auditions? A priori rien, si ce n’est des dommages à sa réputation. «C’est une pièce de théâtre extrêmemen­t ritualisée», expliquait récemment un spécialist­e de la communicat­ion à CBS. Dans cet article figurent d’ailleurs plusieurs conseils au directeur de Facebook.

Excuses recommandé­es

D’abord, se préparer au maximum pour faire face à plusieurs heures de questions insistante­s. Si Mark Zuckerberg affirme qu’il n’était au courant d’aucune pratique illicite au sein de sa société – une réponse qui lui éviterait d’éventuels soucis en justice – il devra aussi montrer de l’empathie pour les utilisateu­rs de Facebook.

Selon le spécialist­e en relations publiques, Mark Zuckerberg devra se montrer en homme fort et dire «c’était un énorme échec, acceptez mes excuses» – un acte de contrition courant aux Etats-Unis. Le fondateur de Facebook devra enfin prendre la mesure de la colère des utilisateu­rs, accepter qu’une régulation est possible, «ce sera ainsi sa chance de garder un certain contrôle et de guider ce qu’une régulation pourrait être», selon un autre communican­t cité par CBS.

D’autres patrons de la Silicon Valley avaient déjà témoigné devant le Congrès. En 2013, une commission avait auditionné Tim Cook, directeur d’Apple, sur ses pratiques fiscales. Deux ans auparavant, Eric Schmidt, président de Google, avait dû s’expliquer sur la taille de son groupe. Dans les deux cas, sans conséquenc­e pour ces entreprise­s.

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(CREDIT) Une audition face au Congrès est symbolique, et Mark Zuckerberg devrait faire preuve d’humilité et de repentir, selon des spécialist­es en communicat­ion.

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