Le Temps

Pourquoi l’hôtellerie mène à tout. Nos offres d’emploi

Les élèves diplômés de l’Ecole hôtelière de Lausanne ou de Glion-Les Roches sont prisés par les recruteurs d’autres secteurs, comme ceux de la banque et du luxe. La raison? Un parcours ancré dans la pratique et une attention accrue au client

- MARIE MAURISSE @mariemauri­sse

Valentin Tremaud est diplômé de l’Ecole hôtelière de Glion depuis 2014. Aujourd’hui, le jeune homme n’est pas manager d’un restaurant étoilé ou responsabl­e marketing d’un hôtel. Ni cuisinier ni serveur, il n’est pas non plus gérant d’un club de vacances ou d’un bar à vins. A 25 ans seulement, Valentin est en charge de «l’expérience client» au sein de la marque horlogère chic Roger Dubuis. Son rôle? Recevoir journalist­es, partenaire­s commerciau­x et clients VIP au siège de la manufactur­e, à Genève, afin que la visite leur laisse un souvenir impérissab­le. Et il adore son travail. «Au final, peu importe ce que vous vendez, pense-t-il. Que ce soit une chambre ou une montre, le but est le même: le client doit se sentir comblé.»

Un luxe familier

Ce Français est loin d’être une exception. A Glion, environ 30% des diplômés exercent finalement dans un autre secteur que celui de l’hôtellerie, qui reste pourtant le coeur de métier de l’école. Comment expliquer cette tendance? Pour Valentin Tremaud, c’est d’abord le public des étudiants qui est un formidable atout. «Je ne viens pas d’un milieu spécialeme­nt privilégié, estime-t-il. Alors que là, j’ai étudié avec des gens venus du monde entier, dont certains sont des fils de prince ou d’ambassadeu­r. Nous avons vécu ensemble. Cela familiaris­e énormément avec le milieu du luxe, dans lequel vous êtes censé travailler par la suite.» L’autre atout qu’il cite est aussi un corps professora­l internatio­nal, composé de profession­nels qui ont une vraie expérience de l’entreprise, et pas seulement des compétence­s pédagogiqu­es. «Pour moi, Glion est une vraie école de la vie», ajoute Valentin Tremaud, ému.

Pour Alexia Lepage, porte-parole de l’établissem­ent qui surplombe le Léman, les avantages d’une formation à Glion tiennent également dans le contenu des apprentiss­ages et la manière dont ils sont enseignés. «De l’accueil des clients au service, en passant par la cuisine, nos étudiants occupent tous les postes de notre restaurant, explique-t-elle. Ils apprennent ainsi à travailler en équipe, sous pression et à anticiper les désirs du client. C’est ce modèle dual suisse, qui combine la pratique et la théorie, que nous envie le monde entier… En plus de cela, les élèves suivent des cours de leadership, de management, de psychologi­e, de design ou même de culture du luxe qui leur apportent des outils concrets.» Cela fait plusieurs années déjà que le profil des diplômés de Glion séduit hors des frontières de l’hôtellerie. Quelques semaines avant la fin de leur cursus, plusieurs compagnies de renom viennent directemen­t recruter sur place: Bloomberg, JP Morgan, Richemont… et donc également Roger Dubuis.

L’école hôtelière haut de gamme serait-elle devenue la nouvelle école de commerce? En tout cas, la tendance est la même chez le concurrent direct de l’école de Glion, l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), où 160 entreprise­s se déplacent deux fois par an pour dénicher les meilleurs talents. Parmi elles se trouvent Nestlé, Tesla, UBS, Credit Suisse, Blancpain, mais aussi le CICR et l’UEFA… Cette diversité explique qu’une fois diplômés, pas moins de 45% des étudiants partent exercer leurs talents ailleurs que dans un hôtel ou un restaurant.

Qualité du service

Leurs employeurs, eux, sont ravis. Car ils trouvent notamment chez ces personnes une attention au client inégalable, comme l’explique Sherif Mamdouh, responsabl­e de la communicat­ion de l’EHL: «Dans un monde où la performanc­e, le produit et la tarificati­on sont de plus en plus homogènes, dit-il, l’un des différenci­ateurs principaux devient l’expérience client et la qualité du service et ce, quelle que soit l’industrie.»

«Nos étudiants apprennent à travailler en équipe, sous pression et à anticiper les désirs du client» ALEXIA LEPAGE, PORTE-PAROLE DE L’ÉCOLE HÔTELIÈRE DE GLION

Plus de 45% des diplômés de l’Ecole hôtelière de Lausanne partent exercer leurs talents ailleurs que dans un hôtel ou un restaurant

Laurent Gagnebin, directeur général de la banque Rothschild Suisse, a ainsi coutume de dire que «les banques devraient se concentrer davantage sur la clientèle, avoir de meilleurs services à tous les points de contact». Il est bien placé pour le savoir, puisque lui-même est diplômé de l’EHL. Tout comme Lorenzo Stoll, directeur de l’antenne romande de Swiss.

Il arrive aussi que les anciens de l’institutio­n deviennent entreprene­urs eux-mêmes. C’est le cas notamment de Jacky Lorenzetti, fondateur de la « U Arena » à Paris, la plus grande salle de spectacle d’Europe, ou d’Arnaud Bertrand et Junjun Chen Bertrand. Ceux-ci ont lancé HouseTrip, société en ligne de location de maison qui a été rachetée par TripAdviso­r en 2016. Le porte-parole de l’EHL, Sherif Mamdouh, l’affirme: « La forte culture entreprene­uriale au sein de l’école donne à nos étudiants une pointe d’audace, qui leur permet de bousculer les acquis.» Et de créer leur propre entreprise, en vrais start-uppers.

 ?? (FABRICE COFFRINI/AFP) ?? Le profil des étudiants de l’Ecole hôtelière de Glion-Les Roches séduit nombre d’entreprise­s qui n’ont rien à voir avec l’hôtellerie, comme Bloomberg, JP Morgan, Richemont ou encore Roger Dubuis, qui viennent directemen­t recruter à Glion chaque année.
(FABRICE COFFRINI/AFP) Le profil des étudiants de l’Ecole hôtelière de Glion-Les Roches séduit nombre d’entreprise­s qui n’ont rien à voir avec l’hôtellerie, comme Bloomberg, JP Morgan, Richemont ou encore Roger Dubuis, qui viennent directemen­t recruter à Glion chaque année.

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