Le Temps

«Nous pourrions organiser ces Jeux demain déjà»

- PAR M. G. PROPOS RECEUILLIS

Adolf Ogi, charismati­que ambassadeu­r de la candidatur­e de Sion 2006, reste optimiste pour celle de 2026, même si les Valaisans n’ont plus le même enthousias­me qu’il y a vingt ans

Le Valais vote à propos des JO. Vous qui avez été l’avocat de la candidatur­e de Sion 2006, comment ressentez-vous les choses? Dans les années 1990, il y avait un grand enthousias­me en faveur des JO dans le Valais comme en Suisse. Le canton avait voté largement en faveur de cette manifestat­ion. Mais c’est aussi tout le pays qui voulait vraiment organiser les JO. Aujourd’hui, la situation n’est plus la même.

Beaucoup de Valaisans ne sont pas encore convaincus par cette candidatur­e. Que faut-il faire? Pour gagner, il faut prendre son bâton de pèlerin pour aller convaincre la population, d’Oberwald dans la vallée de Conches à Saint-Gingolph au bord du lac Léman, pour expliquer la chance que peuvent représente­r les JO. C’est vrai que l’enthousias­me manque encore pour ce projet. A la gare de Sion, un opposant m’a dit récemment que ce projet n’était encore que celui des élites, tandis que la population est plus sceptique. Je viens de passer quelques jours en Valais. Je constate que beaucoup de gens s’engagent, pas seulement Christian Constantin. J’ai le sentiment que la situation évolue et que la majorité est en train de basculer du non vers le oui.

Pourquoi reste-t-il encore tant de scepticism­e? Les dépenses consacrées à la sécurité font hésiter les gens. Les organisate­urs calculent avec un montant de 300 millions pour la sécurité hors des sites. Les opposants affirment pour leur part qu’il faudra au moins un milliard de francs. Personnell­ement, je pense que la somme budgétée suffit. Après tout, la Suisse assure chaque année la sécurité du WEF de Davos sans que cela ne crée de problème financier particulie­r.

L’associatio­n qui défend Sion 2026 affirme que cette candidatur­e marque la fin des JO du gigantisme. Mais la population semble avoir beaucoup de peine à y croire! En 2014, les JO de Sotchi en Russie ont coûté près de 60 milliards de francs. Cette année, ceux de Pyeonchang en Corée du Sud n’ont pas été un grand succès, il faut le reconnaîtr­e: il n’y avait quasiment pas de spectateur­s lors des compétitio­ns de ski alpin. Sion marquerait le retour à des Jeux plus responsabl­es et populaires dans le massif alpin, bien dans l’esprit du baron Pierre de Coubertin, qui est aussi l’initiateur des JO d’hiver. Il ne faut pas oublier que la Suisse, en organisant à Saint-Moritz les JO de 1928 et de 1948, a contribué à maintenir l’idéal olympique après les

deux guerres mondiales.

Quels seront les facteurs déterminan­ts pour que le oui l’emporte le 10 juin prochain? Il faut de l’enthousias­me, de la volonté et des meneurs de jeu qui s’engagent à fond. Je suis convaincu que le projet suisse est bon. Nous avons tout pour ces JO: les montagnes, la neige, le public et des installati­ons qui existent, sauf l’anneau pour le patinage de vitesse pour lequel nous pourrions construire quelque chose de provisoire. Bref, nous pourrions organiser ces JO demain déjà, avec des infrastruc­tures qui fonctionne­nt et qui continuero­nt d’être utilisées à l’avenir. C’est l’atout phare de cette candidatur­e!

ANCIEN CONSEILLER FÉDÉRAL

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ADOLF OGI

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