Des oligarques russes punis parWashington
Parmi les proches de Vladimir Poutine ciblés par Washington figurent des oligarques aux liens étroits avec la Suisse, comme Viktor Vekselberg et Oleg Deripaska
Donald Trump a augmenté la pression d'un cran. Vendredi, son administration a pour la première fois annoncé des sanctions contre des personnalités russes proches de Vladimir Poutine, invoquant notamment les «attaques» de Moscou contre les «démocraties occidentales». Plusieurs oligarques ayant des liens d'affaires étroits avec la Suisse sont dans le collimateur de Washington. C'est le cas de Viktor Vekselberg, d'Oleg Deripaska et de Suleyman Kerimov.
Ces sanctions tombent alors que l'enquête du procureur indépendant Robert Mueller sur l'ingérence de Moscou dans la présidentielle américaine se rapproche toujours plus de Donald Trump et de son entourage. Elles visent en tout 24 personnalités et 14 entités russes, qui figuraient déjà pour la plupart parmi les individus et entreprises ciblés le 15 mars par le Trésor américain. C'est dans le cadre d'une loi promulguée l'été dernier par le Congrès pour cibler les «adversaires de l'Amérique» et punir la Russie pour l'annexion de la Crimée en 2014, sa participation à la guerre en Syrie et son ingérence dans la présidentielle américaine qu'une première liste avait été édictée. Mais elle n'impliquait aucune sanction, ce qui a été fortement critiqué par les démocrates.
Parmi les sept oligarques, et leurs douze entreprises, désormais visés par des sanctions figurent Oleg Deripaska, propriétaire du géant de l'aluminium Rusal, Igor Rotenberg et Viktor Vekselberg, acteurs importants du secteur énergétique, et Suleyman Kerimov, inculpé pour une affaire de blanchiment sur la Côte d'Azur, dont la fondation familiale est gérée depuis Lucerne. Egalement liés à la Suisse, et présents sur la liste du 15 mars, Dmitri Rybolovlev et Guennadi Timtchenko sont pour l'instant épargnés. Comme le rappelait récemment Le Temps, Viktor Vekselberg et Oleg Deripaska sont bien implantés en Suisse alémanique. Le premier est un investisseur industriel majeur (Oerlikon, Sulzer, Schmolz+ Bickenbach). Son entreprise Renova est nommément citée dans les compagnies sanctionnées, tout comme le groupe EN+ et Basic Element contrôlés par Oleg Deripaska.
Graves accusations
Le Trésor américain précise qu'Oleg Deripaska a «fait l'objet d'une enquête pour blanchiment d'argent et a été accusé d'avoir menacé la vie de ses rivaux commerciaux, d'avoir illégalement mis un représentant du gouvernement sur écoute et d'avoir participé à des activités d'extorsion et de racket».
Ces sanctions imposent un gel des comptes à l'étranger, souligne le Trésor américain. Les citoyens américains ne peuvent plus conclure d'affaires avec les individus visés, et des ressortissants non américains risquent également des sanctions s'ils tentent de faciliter des transactions pour le compte des personnes ciblées par l'administration Trump.
▅