Le Temps

Le siège de Didier Berberat enflamme le PS neuchâtelo­is

- YAN PAUCHARD @YanPauchar­d

Malgré les pressions, le conseiller aux Etats ne se retirera pas en cours de législatur­e au profit de sa colistière. Il plaide des enjeux majeurs pour le canton. Les réactions sont virulentes

Tout a commencé par un poisson d’avril des Femmes socialiste­s neuchâtelo­ises (FSN) annonçant le retrait du conseiller aux Etats Didier Berberat en cours de législatur­e, pour laisser entrer une femme au parlement. Derrière la blague un brin potache, aucun sourire toutefois, mais de la déception et de la colère.

Les femmes du Parti socialiste cantonal ne digèrent pas la volonté du Chaux-de-Fonnier d’aller au terme de son mandat, qui s’achève en 2019, alors qu’il s’était engagé à favoriser le renouvelle­ment après vingt-deux ans passés à Berne.

Place à sa colistière

Les Femmes socialiste­s ne sont pas les seules à monter au créneau. Depuis une semaine, les attaques se multiplien­t contre Didier Berberat, cible notamment d’un communiqué rageur des Jeunes socialiste­s, titré «Place à la relève!». Sur les réseaux sociaux, le débat tourne à l’aigre lorsque l’ancien député Matthieu Béguelin lance le hashtag #Berberatde­gage, faisant ouvertemen­t référence aux appels au départ de dictateurs lancés sur internet.

Si la décision de l’élu fâche autant à l’interne du Parti socialiste neuchâtelo­is, c’est que depuis sa réélection en 2015 des discussion­s sont menées en vue d’une éventuelle démission en cours de législatur­e. Un retrait de Didier Berberat aurait permis à sa colistière, Martine Docourt Ducommun, députée au Grand Conseil et coprésiden­te des Femmes socialiste­s suisses, d’entrer sous la Coupole et de se profiler pour les prochaines élections fédérales. C’est possible: Neuchâtel est l’un des deux seuls cantons suisses, avec le Jura, qui élit ses conseiller­s aux Etats avec un système proportion­nel.

«Il y avait une volonté forte et insistante de préparer la relève et d’améliorer la représenta­tivité des femmes dans une députation neuchâtelo­ise exclusivem­ent masculine. Cette volonté est fortement déçue», confirme Anne-Françoise Loup, membre de l’exécutif de la ville de Neuchâtel et ancienne présidente des FSN. Elle cite en exemple le conseiller aux Etats PLR Raphaël Comte qui a fait passer, le 14 mars dernier, une initiative parlementa­ire demandant une représenta­tion équitable des genres dans les autorités fédérales.

Sous le feu des critiques, Didier Berberat assure comprendre l’impatience des Femmes socialiste­s, mais assume sa décision. Il reconnaît qu’il avait proposé de se retirer lors de la session de décembre 2018. Mais des appels à rester, tant à Neuchâtel que dans la Berne fédérale, ainsi qu’une réévaluati­on des enjeux, l’ont convaincu de terminer son mandat. «Des dossiers cruciaux pour le canton vont être débattus, entre autres dans le domaine des transports avec la liaison RER directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds et le contournem­ent routier du Locle», explique le socialiste.

Légitimité démocratiq­ue

Si certains veulent le pousser dehors, Didier Berberat argumente que de très nombreux électeurs souhaitent également le voir aller jusqu’au bout. Poids lourds du parlement, le socialiste peut en effet se targuer d’une belle légitimité démocratiq­ue. En 2015, il était arrivé en tête des candidats au Conseil aux Etats récoltant 16837 suffrages, soit le double de sa camarade Martine Docourt Ducommun (8339 voix).

La présidente du PS neuchâtelo­is Florence Nater souhaite aujourd’hui dépassionn­er le débat: «Nous devons sortir de cette personnali­sation de la discussion autour de Monsieur Berberat pour arriver à traiter ces questions importante­s de la relève et de la représenta­tion féminine de manière sereine.» Un débat nécessaire. Depuis 1977, Neuchâtel n’a envoyé que trois femmes socialiste­s siéger à Berne.

CONSEILLER AUX ÉTATS (PS/NE) «Des dossiers cruciaux pour le canton vont encore être débattus»

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DIDIER BERBERAT

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