Le Temps

L’offensive du leader du vélo sur le marché suisse

FM Investisse­ments SA, déjà présent avec son enseigne Veloland à Genève depuis 2012, puis à Conthey en 2014 et à Lausanne en 2015, accélère ses investisse­ments en Suisse romande, et bientôt en Suisse alémanique

- EMMANUEL GARESSUS @garessus

FM Investisse­ments (FMI) ne cache pas ses ambitions. Sur une place suisse dominée par une multitude d'acteurs ultra-locaux et les grands distribute­urs omnisports suisses tels que Migros ou français comme Decathlon, l'entreprise entend profiter des futures transforma­tions du marché avec son enseigne Veloland. Cette société emploie déjà 70 collaborat­eurs en Suisse et espère engager 20 salariés supplément­aires d'ici à la fin de l'année prochaine, sur la base de deux nouveaux points de vente, révèle Fabien Plotnikowa, cofondateu­r de FMI avec Emmanuel Sanchez.

L'idée des fondateurs, qui ont lancé leur entreprise en France il y a dix ans, était d'offrir un service opposé aux structures habituelle­s. Ils ont voulu une variété et une offre supérieure­s, avec des surfaces spécialisé­es allant jusqu'à 2000 m2; le plus grand magasin est celui de Genève, ouvert en 2012, qui vend environ 4000 vélos par année avec 19 salariés.

Création de 20 emplois

Les entreprene­urs constatent que le marché suisse du vélo est dominé par une multitude de petits magasins. «On y trouve 20 établissem­ents pour 100000 habitants, contre un seul pour la même population en France», explique le directeur.

Autrefois cycliste de haut niveau, mais non profession­nel, ce dernier a été directeur sportif avant d'évoluer vers l'entraîneme­nt, puis le management et enfin la distributi­on. Son collègue a de son côté fait carrière dans la course à pied. Ces deux amoureux de la petite reine entendent passer à la vitesse supérieure et ouvrir d'autres magasins en Suisse romande, puis plus tard en Suisse alémanique.

L'investisse­ment dans de nouveaux magasins spécialisé­s s'effectuera avec le soutien de CIC Capital (Suisse) SA. Le modèle actuel peut en effet être reproduit dans d'autres régions, en l'adaptant au marché, urbain, montagnard ou autre.

Il est prévu d'ouvrir environ deux magasins par an, en commençant par d'autres villes du bassin lémanique. Notre interlocut­eur évoque un deuxième point de vente à Genève, ainsi qu'Aubonne et Villeneuve. «Nous restons opportunis­tes, car le succès dépend d'abord du local et de son emplacemen­t», confie-t-il. Un nouveau magasin suppose un investisse­ment d'environ un million de francs, comprenant le stock de vélos.

Dans deux à trois ans, FMI prévoit d'ouvrir ses premiers magasins en Suisse alémanique. La vraie problémati­que concernera l'adaptation de la structure, de la logistique et de la communicat­ion aux spécificit­és alémanique­s.

CIC Capital (Suisse) est récemment entré dans le capital de FMI, aux côtés des deux fondateurs, pour y détenir une participat­ion minoritair­e.

«Nous avons décidé d'investir 4 millions dans l'entreprise afin de lui permettre d'accélérer sa croissance», explique Samuel Babey, amateur de vélo et surtout directeur de Participat­ion, filiale de CIC Capital (Suisse). En charge de l'activité d'investisse­ment de la banque française, il prévoit de déployer 120 à 150 millions de francs ces trois à quatre prochaines années sur le marché suisse.

La stratégie de CIC Capital l'amène à rester actionnair­e minoritair­e avec des investisse­ments jusqu'à 50 millions dans des grandes PME. Veloland a reçu des offres concurrent­es, mais ses directeurs ont été séduits par les caractéris­tiques d'«investisse­ur patient» de la banque et par son savoir-faire local.

L'institut détient quatre autres participat­ions, dont Hugo Reitzel, le spécialist­e des cornichons, Record (portes automatiqu­es), Lauener à Boudry (décolletag­e de précision) et une PME bernoise dont il préfère taire le nom. L'investisse­ur classe Veloland dans la distributi­on spécialisé­e, une branche moins risquée à son goût que le commerce de détail. «Nous accompagno­ns une transforma­tion, à savoir un processus de concentrat­ion qui devrait s'accélérer. C'est un pari sur l'évolution de la structure du marché», indique Fabien Plotnikowa.

L’envol du vélo électrique

En Suisse, les petits magasins auront de la peine à s'adapter. La montée en puissance du vélo électrique, à un rythme de 30% par an depuis plusieurs années, suppose des investisse­ments majeurs de la part du détaillant ainsi qu'un fonds de roulement supérieur. Or le vélo électrique représente déjà 22% d'un marché suisse du vélo en légère progressio­n.

L'émergence du numérique renforce aussi cette tendance favorable aux plus grands acteurs. Toutefois «pour l'instant, les ventes sur le web ne dépassent pas 2% du chiffre d'affaires», indique la direction. La stratégie numérique est toutefois cruciale, en raison de l'importance de la prévente. Les clients visitent l'offre disponible et s'informent avant de se déplacer pour prendre conseil et consommer. A l'avenir, les ventes en ligne devraient tout de même augmenter. ▅

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(EDDY MOTTAZ) Fabien Plotnikowa. Le patron de Veloland prévoit d’ouvrir de nouveaux magasins dans la région lémanique, puis en Suisse alémanique.

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