Le Temps

L’action Facebook encaisse le choc

L’action du réseau social a perdu 14% depuis le début du scandale lié à Cambridge Analytica. Mais selon les analystes, la chute du titre est déjà enrayée

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Pour Wall Street, la crise liée au siphonnage de données par Cambridge Analytica appartiend­ra bientôt au passé. L’affaire, qui éclabousse Facebook depuis le 19 mars, avait provoqué une chute de l’action de 6,8% le jour de l’éclatement du scandale. Depuis, l’effondreme­nt de l’action, envisagé par certains, n’a pas eu lieu. Le titre a perdu 14% depuis le début de l’affaire, mais les interventi­ons incessante­s dans les médias de Mark Zuckerberg, directeur de Facebook, puis de Sheryl Sandberg, directrice opérationn­elle, ont rassuré les investisse­urs. Jeudi, l’action avait progressé de 2,7% et vendredi, à l’ouverture de Wall Street, elle perdait 1,5% alors que le Nasdaq reculait de 0,9%.

«Nous n’étions pas assez concentrés sur la protection des données»

Dans une note, un analyste de Deutsche Bank s’estimait, en cette fin de semaine, «prudemment optimiste que le plancher avait été atteint». Selon ce spécialist­e, cité par Bloomberg, «dans un an, si ce n’est pas plus tôt, cet épisode n’apparaîtra que comme une incroyable opportunit­é d’achat au sein des méga-valorisati­ons des géants de la technologi­e».

Dans une analyse, le site Seeking Alpha se montrait lui aussi optimiste. Certes, l’action a perdu plus de 20% depuis son plus haut atteint début février, mais le titre demeure en progressio­n de 9% sur un an. Et, surtout, les menaces qui entourent le réseau social ne se matérialis­ent pas. «Le risque régulatoir­e est un facteur important d’incertitud­e, mais il est fort probable qu’une augmentati­on de la régulation ne changera pas vraiment la situation de l’action. Vu les performanc­es financière­s de la société et ses niveaux de valorisati­on, le recul de l’action est une opportunit­é d’achat sur le long terme.»

Mesures annoncées

En parallèle, Sheryl Sandberg a pris le relais, en cette fin de semaine, de Mark Zuckerberg pour rassurer les investisse­urs. «Nous n’avons vu que quelques annonceurs faire une pause avec nous et ils nous posent les mêmes questions que les autres gens posent. Ils veulent être sûrs de pouvoir utiliser les données, et de les utiliser de manière sûre.» La directrice opérationn­elle de Facebook a aussi, comme Mark Zuckerberg, admis ses torts: «Nous n’étions pas assez concentrés sur la protection des données», a-t-elle affirmé.

Le réseau social n’a pas fait part d’exode d’utilisateu­rs. «On dirait que la campagne «Delete Facebook» a fait beaucoup de bruit auprès de personnali­tés connues (comme Elon Musk, ndlr) qui ont de la voix», estimait Seeking Alpha, pour qui cette opération n’a eu qu’un impact marginal. Pour rassurer les 2 milliards d’utilisateu­rs de Facebook, Mark Zuckerberg a annoncé une série de mesures, correspond­ant en partie à un alignement avec une nouvelle législatio­n qui doit entrer en vigueur le 25 mai dans l’Union européenne, le Règlement général sur la protection des données personnell­es (RGPD).

A noter que, vendredi, on apprenait que jusqu’à 2,7 millions d’Européens pouvaient être concernés par le scandale, qui a affecté en tout cas 87 millions d’utilisateu­rs au niveau mondial.

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SHERYL SANDBERG DIRECTRICE OPÉRATIONN­ELLE DE FACEBOOK

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