«Neuchâtel est plus heureuse quand Xamax gagne»
L’ancien conseiller fédéral Didier Burkhalter a toujours été proche du club de la Maladière, bientôt de retour en Super League. Il exclut toutefois d’y jouer un rôle à l’avenir
Avec 15 points d’avance sur Servette à dix journées de la fin du championnat de Challenge League, Neuchâtel Xamax est très bien parti pour retrouver l’élite la saison prochaine, six ans après une faillite retentissante. Didier Burkhalter s’y prépare avec une joie teintée de prudence. L’ancien conseiller fédéral est toujours familier des tribunes du stade de la Maladière, dont il a piloté la rénovation en 2006 et auquel il a consacré un livre, La Maladière, Un sentiment d’éternité, en 2007. Désormais retiré de la vie politique, Didier Burkhalter s’est remis à l’écriture. Après Enfance de terre, en novembre, et Là où lac et montagne se parlent, en janvier, il vient de terminer son troisième manuscrit – son premier roman – qui devrait être publié cet été. C’est également par écrit qu’il a répondu à quelques questions du Temps sur le club de son coeur.
Que vous inspire le retour probable de Neuchâtel Xamax en Super League? En football comme dans la vie, il ne faut pas se déclarer vainqueur avant d’avoir affronté toutes les étapes. Les résultats acquis depuis quelques mois doivent avant tout inciter à la modestie. Ceci dit, j’apprécie beaucoup les valeurs qui sont mises constamment en avant par les responsables du club, les entraîneurs et les joueurs. On sent la volonté de travailler avec rigueur, de rechercher la force de la solidarité. Et puis, l’aventure de Neuchâtel Xamax depuis quelques années résonne en écho à l’histoire de toute la région jurassienne. On peut tomber fortement, comme ce fut le cas par exemple lors de la grande crise horlogère, mais on sait aussi se relever avec courage et détermination. J’en parle d’ailleurs dans Là où lac et montagne se parlent.
Le club et la région ont-ils selon vous la capacité de s’implanter durablement en Super League? Oui, bien sûr. Pour plusieurs raisons. D’abord, notre région a fait la preuve par le passé qu’on pouvait aller très loin, même en Coupe d’Europe. Ensuite, parce que le sport n’est pas une science exacte qui ne donne les résultats qu’en fonction de la dimension des budgets. Je crois encore et toujours qu’une équipe est la plus forte lorsqu’elle ressent un véritable idéal au fond de tous ses coeurs. Et puis, il y a la Maladière. Dans notre région, on a su garder cet endroit, le moderniser certes, mais le conserver pour qu’on sente toute la force de son histoire. Enfin, il existe une véritable culture en la matière à Neuchâtel: la région est plus heureuse et sourit davantage quand Neuchâtel Xamax gagne!
On connaît votre attachement au club et l’on vous imagine plus disponible que par le passé. Pourriez-vous jouer un rôle actif à Xamax à l’avenir? Non. Je souhaite rester un simple supporter comme tant d’autres. D’abord parce qu’il y a une équipe en place et un président remarquable en qui l’on peut faire confiance. Mais surtout parce que j’ai choisi une autre vie. En fait, je mets en pratique ce que j’avais annoncé: je prends des distances avec la vie publique et politique, souhaitant marquer réellement la réserve qui est à mes yeux nécessaire par rapport à mes précédentes fonctions. Je me suis lancé dans une nouvelle vie et me suis mis à ce que j’aime beaucoup, l’écriture. C’est ma nouvelle manière de m’exprimer et de m’engager. Dans ce cadre, je prends peu d’engagements dans lesquels je devrais apparaître trop personnellement, quasiment «comme un acteur politique», ce que je ne suis plus. ▅