Le Temps

A Genève, une loi favorable aux voitures électrique­s dans l’impasse

Le Conseil d’Etat genevois a déposé en juin 2017 un projet de loi pour encourager l’acquisitio­n de voitures électrique­s. En commission fiscale, le projet a divisé les partis politiques

- AUDREY MAGAT

Deux bornes de recharge électrique sont récemment apparues en centre-ville de Genève. Ce sont les premières installées sur l’espace public, à la suite du projet pilote MOVE, mené par l’Etat, les Services industriel­s de Genève (SIG) et la Ville de Genève. L’objectif est d’encourager les citoyens à adopter la voiture électrique. Le nombre de bornes est passé de 20 en 2015 à plus de 200 aujourd’hui, mais uniquement sur le domaine privé. Les autorités genevoises espèrent qu’au moins un véhicule sur dix immatricul­és dans le canton sera électrique d’ici à 2030.

Six ans d’exonératio­n d’impôt

Pour y arriver, le canton a des idées. Le 21 mai 2017, le peuple suisse acceptait en votation populaire la nouvelle stratégie énergétiqu­e de la Confédérat­ion visant à encourager la mobilité électrique. A Genève, le oui l’a emporté à 73%. Luc Barthassat, conseiller d’Etat chargé de l’Environnem­ent et des Transports, déposait dans la foulée un projet de loi pour encourager l’achat de véhicules électrique­s.

Le projet de loi déposé en juin 2017 fixait six ans d’exonératio­n d’impôt (contre trois aujourd’hui) pour tous les propriétai­res de véhicules électrique­s immatricul­és après l’adoption de la loi. Le cadeau fiscal aux propriétai­res était supposé s’équilibrer dans le budget cantonal par une augmentati­on de 10 francs par année de la taxe pour les voitures à essence, et de 2 francs pour les deuxroues.

L’idée du magistrat PDC a créé des remous en commission fiscale. L’exonératio­n de six ans trouve grâce aux yeux des commissair­es de droite, mais pas la compensati­on. Le député UDC et candidat au Conseil d’Etat Stéphane Florey: «Ce test d’incitation aux voitures électrique­s se fait sur le dos des contribuab­les. Le projet veut reporter la charge fiscale sur ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule électrique.» La majorité de droite préfère un système d’impôt sur les voitures thermiques indexé au coût de la vie. Quant au déficit à prévoir, le député répond que «l’argent économisé par les citoyens sera réinjecté par la consommati­on et on le retrouvera dans les comptes de l’Etat l’année suivante».

A gauche, ces modificati­ons ne passent pas. Le député Ensemble à gauche Jean Batou a notamment déposé un rapport de minorité. Selon lui, «ce projet de loi modifié est inacceptab­le. Ce qui devait être une incitation aux voitures électrique­s devient une discussion sur l’impôt auto.» Il demande donc à revenir au projet initial.

La députée verte Sophie Forster Carbonnier regrette, elle aussi, les changement­s apportés par la droite. «La majorité a une vision à court terme, ses députés ont le sentiment que la voiture est menacée et c’est regrettabl­e, surtout dans un canton-ville où la pollution est un réel problème», déplore-t-elle. Aujourd’hui, «tel que sorti de commission, les Verts n’accepteron­t pas le projet».

Projet initial «indolore»

Le PDC a un rôle clé pour trancher ce conflit. Le député démocrate-chrétien Vincent Maitre défend le projet initial de son magistrat, Luc Barthassat. Il dit «comprendre la démarche de la droite», mais considère que c’est «complexifi­er inutilemen­t une mesure pratique et pragmatiqu­e qui va dans le bon sens. Le projet initial a un coût neutre, il est indolore».

Un an bientôt après le vote populaire, le projet de loi ne sera sûrement pas voté par le Grand Conseil avant les élections cantonales.

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La mobilité du futur? En 2017, pourtant, les véhicules électrique­s ne représenta­ient que 2,7% du parc automobile helvétique.

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