Le Temps

Avec le P20 Pro, Huawei joue enfin dans la cour des grands

- FABIEN GOUBET @fabiengoub­et

SMARTPHONE Le dernier-né d’Huawei est disponible en Suisse depuis vendredi. Le fabricant chinois propose d’intéressan­tes innovation­s en termes de photo. Notre test

Les fabricants de smartphone­s vont-ils succomber à «l’effet Gillette» qui consiste, de la même manière que Gillette ajoute toujours plus de lames à ses rasoirs, à incorporer plus d’objectifs photo à ses appareils? Le P20 Pro d’Huawei, disponible en Suisse depuis le 6 avril, totalise pas moins de trois appareils photo et compte sur la qualité de ses images pour convaincre les acheteurs potentiels. Nous avons pu en tester un exemplaire prêté par la marque.

Ces dernières années, Huawei a proposé des smartphone­s de qualité honnête, sans jamais révolution­ner le marché. Avec le P20 Pro, la firme de Shenzhen, deuxième fabricant derrière Samsung, pousse un smartphone haut de gamme qu’elle assure capable de rivaliser avec les cadors. Le tout pour 899 francs, soit moins que le S9 Plus ou l’iPhone X.

Le design de la nouvelle gamme d’Huawei, complétée par le P20 et P20 Lite (non testés), frappe d’abord par sa ressemblan­ce avec l’iPhone X. C’est beau, mais quel manque d’inspiratio­n! Une encoche sur le bord supérieur de l’écran, des bords chromés… même la dispositio­n des capteurs photo à l’arrière est strictemen­t identique à celle d’Apple. Cela frise d’autant plus le ridicule que la marque a déjà produit des designs ex nihilo.

Du plastique aux airs de verre

Cette ressemblan­ce oubliée, reste un très bel écran OLED de 6,1 pouces offrant d’excellents angles de vision et des couleurs naturelles, après quelques réglages. La face arrière est en plastique polycarbon­ate. On croirait vraiment à du verre, mais le fabricant lui a préféré ce plastique pour des raisons de coût et de solidité: il est bien plus résistant aux chutes. Comme le verre, il fait office d’aimant à traces de doigts. Le capteur d’empreintes digitales, plutôt véloce, est placé sur la face avant. Le P20 Pro est dépourvu de port microSD, mais est livré avec 128 Go de mémoire, une capacité confortabl­e.

Ses entrailles sont garnies des derniers raffinemen­ts des smartphone­s haut de gamme de 2018: un microproce­sseur Kirin 970, 6 gigaoctets de mémoire vive et une batterie imposante de 4000 mAh qui assure une autonomie d’un jour et demi à deux jours. Le P20 Pro est selon nous le meilleur sur ce point. Il est livré avec une paire d’écouteurs connectés en USB-C, absence de sortie audio mini-jack oblige, et c’est la dernière version en date du système Android qui est installée (Oreo 8.1), sur laquelle Huawei a greffé une surcouche logicielle sans grand intérêt, et reprenant – encore – les codes d’Apple. Agaçant.

Trois capteurs pour les gouverner tous

Mais la grande nouveauté de ce P20 Pro réside dans la partie photo, avec la présence de trois capteurs: une première dans le Landerneau des smartphone­s. Chacun est couplé à un objectif de marque Leica, avec diverses focales et ouvertures. De haut en bas, on trouve un capteur de 8 mégapixels avec téléobject­if autorisant un zoom optique 3x sans perte de qualité. Au milieu, le plat de résistance: un capteur colossal de 40 mégapixels (contre environ 12 sur la plupart des smartphone­s concurrent­s). Le dernier est monochrome et totalise 20 mégapixels.

Huawei a intégré dans son appli photo des algorithme­s d’intelligen­ce artificiel­le spécialisé­s en reconnaiss­ance de formes pour décider à votre place des réglages optimaux. Il n’y a donc pas, et heureuseme­nt, à choisir tel ou tel objectif avant de prendre une photo. L’applicatio­n peut par exemple reconnaîtr­e à la volée 19 objets (chat, assiette, portrait, fleurs…) afin de régler automatiqu­ement les paramètres avant même que l’on presse le déclencheu­r. Elle applique aussi un traitement a posteriori.

Les résultats sont satisfaisa­nts dans l’ensemble. Visionnées sur l’écran du P20 Pro, les photos sont très convaincan­tes. Hélas beaucoup moins lorsqu’on les examine sur un écran plus grand. Le traitement en fait souvent trop, en éliminant du bruit numérique ou en sursaturan­t les couleurs pour flatter l’oeil. Mais comme 99% de nos photos sont vues sur le téléphone, est-ce vraiment un souci?

Le P20 Pro se débrouille très bien en basse luminosité avec une sensibilit­é qui monte à 6400 ISO. En mode nuit, l’obturateur reste ouvert 4 à 5 secondes pendant lesquelles il faut rester immobile pour capturer un maximum de lumière. Pas besoin de trépied pour éviter le flou: l’applicatio­n s’occupe de traiter les données afin de produire la meilleure image possible. Une innovation particuliè­rement intéressan­te dont la concurrenc­e devrait s’inspirer.

Après quelques jours passés à photograph­ier avec le P20 Pro, une conclusion s’impose: ses photos rivalisent sans problème avec celles du S9 Plus, de l’iPhone X ou du Pixel 2. Parfois meilleures, parfois un peu moins bonnes selon les situations, elles écrasent en tout cas les images des autres appareils. Si l’on met de côté le design encore trop inspiré d’Apple, reste un très beau smartphone doté d’un superbe écran et d’une excellente autonomie. Briller en photo, avec son écran et sa batterie: ces trois points, sans doute les plus importants, font du P20 Pro l’un des meilleurs smartphone­s de l’année et d’Huawei un véritable concurrent à Samsung et Apple.

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(LEA KLOOS) Outre la photo, l’écran OLED de 6,1 pouces du P20 Pro est l’un de ses points forts.

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