Le Temps

#DeleteFace­book, hashtag si amer

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

En réaction à l’attitude de Mark Zuckerberg face à une succession de scandales, le mouvement de boycott a pris son envol sur Twitter. Cela alors que le PDG du réseau doit encore se soumettre ce mercredi à une audition parlementa­ire

Cofondateu­r d'Apple, Steve Wozniak vient de décider à son tour de répondre au mot d'ordre #DeleteFace­book. Du moins en partie. S'il n'a pas supprimé son compte, histoire d'éviter que des vautours lui ravissent son identité, il a annoncé qu'il le gelait. Fini. Neutralisé. Bloqué. Immobilisé. Pendant que Mark Zuckerberg, en pleine tournée des excuses devant le Congrès à Washington, doit apprendre à faire des noeuds de cravate, d'autres se concentren­t sur une tâche moins compliquée: boycotter le réseau social en pleine tourmente (lire LT du 10.04.2018).

Pour rappel, le PDG de Facebook a fini par admettre que Cambridge Analytica a siphonné les données de près de 87 millions d'utilisateu­rs de sa plateforme à des fins politiques. Ce n'est qu'acculé et sous pression qu'il a amorcé des changement­s pour mieux les protéger. Mark Zuckerberg, qui doit encore se soumettre à une audition devant une commission parlementa­ire ce mercredi, a péché par manque de transparen­ce. Pour beaucoup, son acte de contrition a un goût amer. C'est en tout cas l'avis de ceux qui se rallient à la campagne #DeleteFace­book. Steve Wozniak explique sa décision à USA Today. Les profits de Facebook reposent «entièremen­t sur les données des utilisateu­rs, alors que ces derniers ne perçoivent aucun bénéfice en retour», dénonce-t-il. Tim Cook, l'actuel patron d'Apple, a eu des mots tout aussi durs contre le modèle d'affaires de Facebook. Elon Musk, le patron de Tesla et de SpaceX, a quant à lui supprimé les pages certifiées de ses deux entreprise­s du réseau le 23 mars, en répondant à un twitto qui l'interpella­it à ce sujet.

Le mouvement a surtout décollé quand Brian Acton, cofondateu­r de WhatsApp, qui travaille aujourd'hui pour Signal, une autre applicatio­n de messagerie, a tweeté, le 20 mars: «Il est temps. #deleteface­book». Brian Acton, celui-là même qui a vendu WhatsApp pour environ 16 milliards de dollars à Facebook en 2014… D'autres entreprene­urs de la Silicon Valley ont tourné le dos à Facebook, de façon plus bruyante, en critiquant ouvertemen­t le comporteme­nt de Mark Zuckerberg. C'est le cas par exemple de Roger McNamee, un de ses premiers investisse­urs. Peter Thiel avait déjà planté ses banderille­s avant que l'affaire Cambridge Analytica n'éclate à la mi-mars. Alors même qu'il est membre du conseil d'administra­tion de Facebook.

#DeleteFace­book a aussi drainé son lot de stars. Comme la chanteuse Cher, la vedette de Bollywood Farhan Akhtar. Ou le comédien-humoriste Jim Carrey. Le 6 février déjà, le comique, cette fois très sérieux, annonçait qu'il supprimait sa page et vendait ses actions Facebook, parce que la plateforme «a profité de l'interféren­ce russe dans nos élections et n'a toujours pas assez agi». «J'encourage tous les investisse­urs qui se soucient de notre avenir à faire de même», a-t-il ajouté avec le hasthag #unfriendfa­cebook. Un hashtag qui a un peu moins décollé.

Petite précision: ceux qui ont appliqué #DeleteFace­book à la lettre n'ont pas forcément été jusqu'à se priver de leurs comptes Instagram ou WhatsApp, qui pourtant appartienn­ent à Facebook. L'esprit frondeur a ses limites.

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(YOUTUBE.COM)

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