Le Temps

Les futurs gagnants de l’économie des données se profilent

TECHNOLOGI­ES L’internet des objets, l’intelligen­ce artificiel­le et l’automatisa­tion permettent d’exploiter les quantités croissante­s de données utilisées dans l’automobile, les banques ou la santé. Quelles entreprise­s vont en profiter?

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Un véhicule utilitaire sport transformé par la société Waymo pour se passer de conducteur.

Il est maintenant possible – et rentable – d’investir dans l’économie des données, c’est-à-dire dans les activités exploitant les data récoltées par une multitude d’objets de notre quotidien. Dans un rapport dévoilé mardi, Morgan Stanley donne des conseils d’investisse­ment, nommant les entreprise­s qui devraient le plus en bénéficier. Sur les 12 secteurs analysés dans cette étude, Le Temps a retenu des exemples dans trois secteurs: l’automobile, la banque et la santé.

L’économie des données atteint un niveau de maturité grâce à l’apparition simultanée de l’internet des objets, de l’intelligen­ce artificiel­le, de la réalité virtuelle et de l’automatisa­tion. Les data récoltées sont plus facilement transformé­es en source potentiell­e de revenus.

Une nouvelle ère

Au cours des trente dernières années, l’émergence de l’ordinateur personnel, puis de l’internet fixe et enfin de l’internet mobile avait été à l’origine d’avancées similaires. Comme par le passé, la nouvelle ère profite d’abord aux acteurs des semi-conducteur­s (qui a été le secteur le plus performant de 2017), puis aux fournisseu­rs d’infrastruc­tures (cette phase vient de commencer, selon Morgan Stanley) et enfin aux entreprise­s capables de générer des revenus à travers des services reposant sur les data.

Dans le secteur automobile, les valeurs préférées de Morgan Stanley sont Continenta­l (leader des capteurs pour la conduite autonome), l’indien Maruti Suzuki India Limited (pour sa capacité à «monétiser» des données), Hyundai, Ford, Fiat Chrysler et le spécialist­e de l’intérieur des voitures Adient.

Ces sociétés devraient être les principaux bénéficiai­res du passage vers l’«auto 2.0», caractéris­ée par la montée en puissance de véhicules partagés, électrique­s et autonomes. Les acteurs du secteur automobile ont deux principaux défis à relever, expliquent les analystes de Morgan Stanley. Tout d’abord transforme­r une voiture en capteur de données (pour un coût allant de 500 à 1000 dollars par véhicule) et surtout conserver la propriété de ces data. Ensuite, faire en sorte que les propriétai­res de véhicules deviennent des abonnés payants à un service et une expérience: la mobilité.

Le rapport estime que dans un modèle d’abonnement, le coût pour fournir un service de transport sur un mile – environ 1,6 kilomètre – approche 1 dollar. Les opérateurs auront en outre la possibilit­é de facturer des services additionne­ls basés sur les data (recherche payante, contenus numériques).

Dans le secteur bancaire, parmi les banques cotées, Credit Suisse fait partie des établissem­ents affichant le plus de potentiel d’améliorati­on, et donc de progressio­n pour le cours de son action. La deuxième banque du pays est devancée de peu par UBS dans ce classement.

Ici, le nerf de la guerre repose sur la fourniture efficace et sans accroc de produits à forte valeur ajoutée. Les futurs vainqueurs dans l’ère des données se distinguer­ont par leurs apps bancaires, leur système informatiq­ue et le recours à des robots. Ces derniers permettent d’augmenter la productivi­té d’un établissem­ent, surtout dans les fonctions de soutien.

Selon les calculs de Morgan Stanley, un robot peut effectuer le travail de trois à cinq employés du back-office (traitement des opérations bancaires et comptables) et assurer une économie de 10 à 25% par rapport au coût d’un emploi à plein temps. Ce type de robot peut être mis en place en trois mois et devenir rentable après trois mois supplément­aires, ce qui explique que certaines banques en utilisent déjà 200 et visent le millier dans un futur proche.

Enfin, dans le secteur de la santé, Roche, Pfizer, AbbVie ou Merck font partie des valeurs préférées de Morgan Stanley. Ce domaine fait l’objet d’un affronteme­nt entre les géants des nouvelles technologi­es et les fournisseu­rs de services pour les hôpitaux. Chantier d’envergure, l’intelligen­ce artificiel­le et le machine learning permettron­t d’analyser les données des dossiers médicaux des patients, qui sont encore très majoritair­ement non structurée­s.

Un robot peut effectuer le travail de trois à cinq employés du back-office (traitement des opérations bancaires et comptables)

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(ANDREJ SOKOLOW/DPA)

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