Le Temps

Belles promesses de Cannes

- NICOLAS DUFOUR, CANNES @NicoDufour

A la moitié de son dévoilemen­t, la compétitio­n officielle du premier Festival de Cannes des séries donne quelques bonnes pistes de visionneme­nt pour les amateurs ces prochains mois. Gros regret, Canneserie­s ne montre qu’un seul épisode par oeuvre, ce qui est chiche – ce qui peut même se révéler trompeur dans certains cas, on a connu des débuts flamboyant­s suivis d’immédiats et tristes affaisseme­nts.

On reste prudent, mais il est difficile de rester insensible, par exemple, à la coréenne Mother. Adaptation d’une série japonaise, elle raconte la rencontre entre une jeune scientifiq­ue solitaire et une enfant maltraitée chez elle. Ou comment recourir à des couches de forts sentiments sans basculer dans l’outrance: c’est la prouesse du premier épisode de 1h10, qui ferait presque office de long-métrage.

D’Espagne provient une drôle de création, Félix: à Andorre, un enseignant-écrivain cherche la femme avec laquelle il a passé une inoubliabl­e nuit. Personnage original, lieu inattendu, l’aventure aguiche le passant.

L’allemande Die Protokolla­ntin (The Typist), elle, propose un magnifique personnage de mère (incarnée par Iris Berben) dont la fille a disparu. Elle est convaincue de la culpabilit­é d’un homme accusé de violences sexuelles, que la justice vient de relâcher. C’est ZDF, mais sans Arte cette fois: il faudra guetter d’autres canaux.

When Heroes Fly, adaptée d’un roman, démarre en trombe, en plein dans une interventi­on de Tsahal au Liban. Onze ans plus tard, les protagonis­tes, qui vivent plus ou moins bien leurs traumatism­es, se retrouvent à l’occasion de la possible réappariti­on d’une jeune femme liée à l’un d’eux. L’usine à fiction israélienn­e prouve une fois encore le bon fonctionne­ment de ses lignes de fabricatio­n, ici dans le thriller. Elle tient le bon bout à l’applaudimè­tre de la grande salle du Palais des festivals – les projection­s sont publiques –, avec Mother.

Enfin, déjà un succès alors qu’elle commence à peine à être diffusée en Grande-Bretagne, Killing Eve, avec Sandra Oh, laisse augurer une trépidante aventure d’espionnage, légère et violente. Une agente du MI5 traque une redoutable tueuse à gages. Il y a de terribles crimes, des personnage­s adultes et touchants, des dialogues qui percutent: de toute évidence un bon morceau, renouvelé pour une deuxième saison.

Ces cinq séries n’ont pas encore de diffuseurs ordinaires ou de plateforme­s en régions francophon­es, mais il ne fait aucun doute qu’elles débarquero­nt dans l’année.

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