Le Temps

A Gaza, l’impression 3D au service de la santé

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS MANGE

Dans le cadre du Geneva Health Forum, le médecin canado-palestinie­n Tarek Loubani a présenté son projet qui vise à améliorer l’accès au matériel médical des profession­nels de santé dans la bande de Gaza

Cette semaine se tient la 7e édition du Geneva Health Forum qui met à l'honneur la santé globale de précision à l'ère numérique. Pendant trois jours, 240 orateurs venus du monde entier y débattent d'innovation­s et de pratiques durables, susceptibl­es d'améliorer l'accès de tous à la santé. Le Temps a rencontré Tarek Loubani, un médecin urgentiste travaillan­t entre le Canada et la bande de Gaza. Ce dernier présentait le projet Glia, qui vise à pallier le manque d'instrument­s médicaux dans ce territoire palestinie­n.

En quoi consiste le projet Glia? Le but du projet est le design d'instrument­s médicaux de haute qualité à bas prix. Grâce à des imprimante­s 3D assemblées dans la bande de Gaza, nous arrivons à réaliser des instrument­s médicaux fonctionne­ls en recyclant le plastique présent sur place. Nous collaboron­s avec différents hôpitaux et ministères intéressés pour des raisons de coûts et d'accessibil­ité. La bande de Gaza étant sous le coup d'un blocus complet, il est très difficile d'obtenir du matériel médical en quantité suffisante; le projet Glia permet donc de mieux équiper les médecins sur place avec des objets qui coûteraien­t soit trop cher ou qui seraient trop compliqués à importer.

Pouvez-vous nous donner un exemple d’instrument imprimé en 3D? Nous avons élaboré les plans de différents instrument­s médicaux, allant de l'oxymètre pour prendre le pouls à des porte-aiguilles utilisés pour la suture lors d'interventi­ons chirurgica­les. Une de nos plus grosses réussites est le design open access d'un stéthoscop­e qui peut être fabriqué à partir de plastiques recyclés. Nous avons montré dans une étude parue le 14 mars dans le journal Plos One que ce stéthoscop­e fonctionne aussi bien qu'un autre modèle industriel et qu'il est surtout beaucoup moins cher, soit 2,4 dollars. Même si cela prend du temps, nous essayons d'équiper tous les médecins de la bande de Gaza avec des stéthoscop­es, ce qui n'était pas le cas avant. Evidemment, le projet Glia ne vise pas seulement la bande de Gaza, beaucoup d'autres régions du monde pourraient en bénéficier.

Y a-t-il d’autres projets qui vous tiennent à coeur? Je suis également impliqué dans EmpowerGaz­a, un projet qui vise à munir les hôpitaux de Gaza de panneaux solaires. S'il y a bien une chose dont on ne manque pas à Gaza, c'est le soleil. En collaborat­ion avec l'Organisati­on mondiale de la santé, nous avons pu mettre des panneaux solaires sur trois hôpitaux. Il m'est déjà arrivé d'être surpris par une panne de courant durant une opération, ce que je ne souhaite à personne. Ce projet permet aux médecins de Gaza d'être préoccupés par la santé de leurs patients, non pas par la prochaine panne de courant. ▅

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