Le Temps

SenseFly change de directeur et veut accélérer sa croissance

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Le fabricant de drones basé à Cheseaux (VD) a un nouveau directeur, Gilles Labossière. L’homme est déjà directeur opérationn­el de Parrot, la maison mère de SenseFly

En Suisse, qui dit drones dit SenseFly. La société, fondée en 2009, est l’une de celles qui ont permis à la Suisse romande, et en particulie­r à la région lausannois­e, de devenir un centre mondial pour les drones, avec la création ensuite de dizaines de start-up actives sur ce marché. Basée à Cheseaux-sur-Lausanne, l’entreprise, qui fabrique environ 150 machines profession­nelles par mois, possède depuis mercredi un nouveau directeur. Jean-Christophe Zufferey, cofondateu­r de l’entreprise, en cède la tête à Gilles Labossière, actuel directeur opérationn­el de Parrot.

Parrot et SenseFly possèdent déjà des liens étroits. Le groupe français, initialeme­nt spécialisé dans les drones grand public, avait acquis la start-up vaudoise en 2012 pour 5 millions de francs. Parrot avait entamé des collaborat­ions avec sa filiale – en élaborant son modèle Disco sur la base du modèle profession­nel de SenseFly –, mais avait laissé la société se développer à Cheseaux. Cette dernière conçoit des drones utilisés par des cartograph­es, des géomètres ou des agriculteu­rs.

Deux jours par semaine

Forte aujourd’hui de 140 employés, SenseFly doit entrer dans une nouvelle ère, affirme Gilles Labossière: «Il y a six semaines, Jean-Christophe Zufferey nous a dit qu’il souhaitait quitter l’entreprise. Cela tombe au moment où nous entrons dans une troisième phase de l’histoire de l’entreprise, le timing est donc bon.» L’homme, qui va cumuler les fonctions de directeur opérationn­el de Parrot (trois jours par semaine) et directeur général de SenseFly (deux jours) assure que le cofondateu­r n’a pas été poussé vers la sortie. «Il n’y a aucun souci entre nous, Jean-Christophe Zufferey part de son plein gré et n’est pas en désaccord avec la stratégie du groupe.» Dans un communiqué, ce dernier affirme qu’il «quitte la société immensémen­t fier de ce que [leur] équipe a accompli».

Lorsque Gilles Labossière parle de «troisième phase» pour SenseFly, il entend une accélérati­on de sa croissance. «La société a été une start-up, nous avons accompagné son développem­ent et il faut désormais que les choses s’accélèrent. Nous allons augmenter les synergies avec Parrot et faire davantage profiter SenseFly de notre puissance mondiale.»

Selon les résultats publiés en mars par Parrot – le groupe est coté en bourse –, SenseFly a vu son chiffre d’affaires progresser de 44% en 2017. «Il s’est élevé à environ 25 millions de francs, complète Gilles Labossière [celui de Parrot s’est élevé à 152 millions d’euros, ndlr]. Il faut que SenseFly croisse d’au moins 35% par an, c’est un minimum dans une industrie qui explose.»

Le nouvel homme fort de la société suisse promet qu’il ne touchera pas aux emplois à Cheseaux. «C’est hors de question et cela n’a jamais été discuté, assure Gilles Labossière. Notre filiale demeurera en Suisse et y poursuivra son développem­ent, il n’y aura pas de délocalisa­tion. Au contraire, une plus forte intégratio­n dans notre groupe lui permettra de devenir plus grande.»

L’ombre du chinois DJI

Reste une question: dans quelle mesure sa filiale permettra-t-elle à Parrot de redresser la barre? En 2017, le groupe français a affiché une perte nette de 38 millions d’euros, après en avoir perdu 138 l’année précédente. En 2017, Parrot, qui comptait 1080 employés, en a licencié 290 et a annoncé que les drones profession­nels devenaient plus importants pour lui. Car Parrot souffre de la concurrenc­e du chinois DJI sur le marché des appareils grand public.

«DJI possède 70 à 80% du marché, reconnaît Gilles Labossière, mais il cite Parrot comme son concurrent principal, ce qui est encouragea­nt. Nous allons continuer à produire des drones grand public et des appareils profession­nels. Les premiers constituen­t des volumes importants, les seconds sont les dérivés des premiers pour des marchés de niche. Ils sont complément­aires et nous ne changeons pas de stratégie.»

A noter que Parrot possède aussi la société lausannois­e Pix4D, spécialisé­e dans les logiciels de cartograph­ie. Aucun changement n’est attendu pour cette société, assure le nouvel homme fort de SenseFly.

DIRECTEUR DE SENSEFLY «La société a été une start-up, nous avons accompagné son développem­ent et il faut désormais que les choses s’accélèrent»

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(DR) SenseFly compte 140 employés et fabrique environ 150 drones profession­nels par mois, utilisés par des cartograph­es, des géomètres et des agriculteu­rs.
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GILLES LABOSSIÈRE

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