Le Temps

Le Loup aime les jeunes griffes

De jeudi à samedi, avec «C’est déjà demain», le théâtre genevois présente huit formes courtes de jeunes artistes romands. Libre et croustilla­nt

- MARIE-PIERRE GENECAND

Il fête, cette année, ses 40 ans, mais n’a rien d’un ancien combattant. Le Théâtre du Loup, fringante scène genevoise destinée à tous les publics, lance, ce jeudi, son septième festival «C’est déjà demain». Trois soirs consacrés à la jeune création en théâtre, danse et performanc­e, où seront évoqués avec la même liberté Hélène de Troie, un mystérieux gourou ou les mères chimpanzés. En prime, La Gravière, club voisin, s’associe à la fièvre printanièr­e en programman­t en fin de soirée des groupes rocks et électros, eux aussi émergents. Coup de frais au bord de l’Arve.

Bouillonne­ment fertile

«Ce ne sont pas des spectacles finis, mais des étapes de travail.» Coresponsa­ble du Théâtre du Loup, Rossella Riccaboni insiste sur l’aspect aventureux de l’entreprise. «C’est un tremplin, une rencontre entre les genres et les gens pour faire bouillonne­r les esprits.» Un bouillonne­ment fertile: depuis sa création, Alexandre Doublet, François Gremaud, Ludovic Chazaud, Audrey Cavelius, Rébecca Balestra ou encore Julia Perazzini, fines lames de la scène contempora­ine, se sont illustrés dans ce festival de demain.

Sur les huit projets à l’affiche, deux sont liés à Premio, prix du Pour-cent culturel Migros qui soutient la jeune création. Rossella Riccaboni fait aussi partie de ce jury et c’est là qu’elle a repéré Mélina Martin, lauréate du Prix Premio 2017 avec Opa, une création qui ressuscite la belle Hélène pour une réflexion sur l’importance de l’apparence physique (ce jeudi, à 19h30). A l’autre bout de la programmat­ion, l’autre finaliste Premio, le danseur Jeremy Nedd, implique les spectateur­s dans un rituel funéraire qui brouille les frontières (Communal solo, samedi, à 22h).

Le langage des chimpanzés

Au menu, on trouve encore une recherche sur le langage physique des chimpanzés, un hommage à Chris Isaak ou une installati­on impression­niste sur la ville de Detroit. Tiens, il n’y a qu’un garçon parmi les huit artistes retenus. Un hasard ou un coup de pouce #MeToo à la création féminine? «Un total hasard, répond Rossella Riccaboni. Mais cela montre bien la bonne santé des femmes dans ce métier!» Ces artistes débutants sortent essentiell­ement des écoles de théâtre et de danse romandes (La Manufactur­e, Serge Martin), une d’entre eux est diplômée de la HEAD - Haute Ecole d’arts et de design de Genève. «C’est déjà demain»? Un regard vif sur aujourd’hui. ■

C’est déjà demain, du 12 au 14 avril, Théâtre du Loup et La Gravière, Genève, www.theatredul­oup.ch

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