Le Temps

Pas dénué de risques

- M.N.

Le biohacking recèle des risques spécifique­s, pense Hannes Lubich, professeur de sécurité IT à la Haute Ecole de Suisse nord-occidental­e. «C’est une technologi­e «dual use» plus ou moins incontrôla­ble qui peut donner lieu à des abus. Nous n’avons pas trop de scrupules quand il s’agit d’animaux mais, lorsqu’il s’agit d’humains, un débat éthique et moral s’avère nécessaire: quelles technologi­es, quelles applicatio­ns, quelles interpréta­tions ontelles du sens et lesquelles sont-elles défendable­s sur le plan médical?»

Quatre risques principaux

Selon Hannes Lubich, les principaux risques sont les suivants:

• L’action et surtout le fonctionne­ment à long terme de connexions et d’implants sur l’organisme vieillissa­nt de l’homme, en particulie­r les connexions dans des organes comme le système nerveux, ne sont à coup sûr pas suffisamme­nt explorés.

• Des dommages ne sont par conséquent pas à exclure.

• Les puces doivent être atteignabl­es de l’extérieur pour des mises à jour logicielle­s, le pilotage, l’envoi de résultats de mesure, des alarmes, etc. Elles doivent donc pouvoir communique­r avec le monde extérieur. «L’an dernier, le rappel d’un grand nombre de simulateur­s cardiaques d’un fabricant américain a fait les gros titres: ils pouvaient être piratés de l’extérieur», rappelle Hannes Lubich. Cela n’est pas à exclure à l’avenir pour des appareils et des interfaces complexes. Des problèmes issus de l’univers IT peuvent toutefois entraîner, suivant le cas, des dommages irréversib­les dans le monde physique, autrement dit à la personne concernée.

• Des données internes très intimes du porteur de puce seraient révélées et, suivant le cas, couplées à des caractéris­tiques biométriqu­es sans équivoque comme les DNS, de sorte que l’identifica­tion formelle de la personne devient possible. Par ailleurs, selon Hannes Lubich, des données médicales en partie inconnues deviendrai­ent accessible­s, si bien que des tiers non autorisés auraient accès à l’état de santé du porteur. Vu les lois sur la protection des données, il serait problémati­que qu’une telle puce devienne par exemple un critère opaque pour être embauché par un employeur ou admis dans une caisse de pension.

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