Le Temps

Davantage de transparen­ce, c’est davantage de documents

Il reste à voir si les prescripti­ons de transparen­ce dans le cadre de MiFID II et de LSFin fournissen­t bel et bien la plus-value espérée

- FABIAN SCHMID*

La nouvelle directive de l’Union européenne Market in Financial Instrument­s Directive (MiFID) II et les autres innovation­s dans la réglementa­tion du marché financier européen qui lui sont liées sont en vigueur depuis janvier 2018. Elles devraient améliorer la protection du client grâce à un surcroît de transparen­ce. La loi suisse sur les services financiers (LSFin), qui devrait entrer en vigueur en 2019, est également justifiée par le législateu­r par le besoin d’une meilleure protection de l’investisse­ur et une transparen­ce accrue dans les transactio­ns financière­s.

Plus d’obligation­s, plus de coûts

Au terme de la crise financière qui a commencé il y a une dizaine d’années, le monde politique et les autorités de surveillan­ce ont constaté des lacunes dans la protection du client. Surtout en raison d’un manque de vision d’ensemble des coûts et des prestation­s proposées. Cela a engendré une perte de confiance et, finalement, une exigence de transparen­ce accrue.

Le fait est que les lois mentionnée­s soumettent les prestatair­es financiers à bon nombre de nouvelles règles de comporteme­nt. Les prescripti­ons de transparen­ce plus strictes pour les produits financiers en font partie. Les contrainte­s actuelles du prospectus sont étendues à toute espèce d’instrument d’investisse­ment et unifiées. A quoi s’ajoutent des contrainte­s en matière d’élaboratio­n de la feuille d’informatio­n de base. Des obligation­s d’informatio­n nettement étendues sur les prestation­s fournies et sur l’établissem­ent financier en tant que tel sont censées créer davantage de clarté. Ces prescripti­ons doivent être observées aussi bien au début du mandat de prestation que pendant sa durée et, le cas échéant, elles font l’objet d’un procès-verbal.

Une clarté qui embrouille

Dans un système économique libéral, impossible d’éviter les conflits d’intérêts, ils font même partie du système. En revanche, la transparen­ce passe pour le contrepoid­s adéquat servant à endiguer des répercussi­ons fâcheuses. Dans ce contexte, elle couvre les besoins actuels, évolutifs des clients en matière de services financiers.

Un coup d’oeil sur l’applicatio­n pratique des nouvelles prescripti­ons indique cependant quelques effets collatérau­x indésirabl­es. Au-delà du domaine des services financiers déjà obérés par moult documents contractue­ls et formulaire­s, la mise en oeuvre concrète des nouvelles prescripti­ons de transparen­ce entraîne encore davantage de paperasser­ie. Pour ne risquer aucune infraction au devoir de diligence, les établissem­ents concernés tendent à interpréte­r les règles de manière extensive et à les appliquer au pied de la lettre. Reste à voir si cela procure au client la plus-value espérée lorsque, avant de signer le moindre contrat, le moindre conseil de placement, on lui donne une pile d’informatio­ns détaillées et que, parfois, il doit de surcroît en confirmer la lecture par sa signature.

D’autant que ces informatio­ns sont souvent complétées par des clauses de non-responsabi­lité. Conséquenc­e: les risques vraiment avérés risquent de se noyer dans le flot d’informatio­ns. L’opportunit­é de fournir ces documents sous forme numérique n’y change pas grand-chose. La mise en oeuvre des nouvelles prescripti­ons contraint en outre les établissem­ents à investir davantage dans le personnel et les IT.n

*Fabian Schmid, Partner, responsabl­e Regulatory & Compliance Suisse alémanique, BDO Financial Services, Zurich.

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