L’eau, un marché d’avenir
Des entreprises suisses telles que Sulzer, Geberit, Georg Fischer, Lonza, Sika ou encore Belimo devraient profiter d’une année 2018 où les signaux sont au vert
Depuis une dizaine d’années, les entreprises actives dans la gestion de l’eau promettent aux investisseurs des performances supérieures à la moyenne du marché. C’est ainsi que le S&P Global Water Index (en dollar) a grimpé en dix ans de 92%, tandis que l’indice mondial des actions indiquait+71%. L’année dernière s’est également avérée un succès avec une croissance de 19%.
Reste que les investissements dans l’économie de l’eau ne sont pas une paisible oasis. Ce secteur fortement industrialisé et donc cyclique est soumis aux caprices du marché. Pour 2018, beaucoup de signaux sont au vert: les fondamentaux économiques sont avantageux et les taux d’intérêt devraient demeurer modérés.
Côté géographique, la moitié des entreprises du secteur de l’eau sont cotées aux Etats-Unis mais on estime que leurs revenus dépendent à hauteur de presque 60% d’exportations dans d’autres pays, en particulier des Etats asiatiques. L’Europe occidentale est également bien représentée avec un tiers des acteurs, tandis que le reste revient à des entreprises asiatiques, surtout chinoises.
Promesses non tenues
Aux Etats-Unis, on attendait beaucoup de la part du gouvernement Trump en matière de programme de dépenses d’infrastructures globales. Mais il faut admettre aujourd’hui que les ressources nécessaires n’ont pas été attribuées et que le flux finan- cier restera loin derrière les effets d’annonce. En revanche, la réforme fiscale pourrait avoir des répercussions positives sur les small et midcaps. Elles sont mieux orientées sur la demande intérieure et devraient bénéficier d’un climat économique favorable qui ranimera l’industrie de la construction, un marché important pour la fourniture d’eau.
Cet essor devrait également se remarquer en 2018 en Europe, car le continent trahit un besoin de rattrapage. Idem pour le Japon, où la réélection de Shinzo Abe a des effets positifs. Suivant les secteurs, les travaux de rénovation représentent sur tous les marchés développés un élément important de la demande, d’autant que bien des bâtiments atteignent la fin de leur cycle de vie.
On constate de même dans bien des infrastructures un fort potentiel pour le génie hydraulique (traitement et approvisionnement, protection incendie, détection des fuites, smart metering, etc.) parce que la plupart des bâtiments ont plus de soixante ans. Mais les collectivités publiques ne sont souvent prêtes à investir que lorsque leurs aménagements ne sont plus fonctionnels.
L’économie de l’eau est très proche du secteur du pétrole: ils ont tous deux un grand besoin de produits tels que les pompes. Le secteur des mines utilise lui aussi beaucoup d’eau, si bien que le développement économique des entreprises industrielles liées à de telles activités dépend étroitement de l’évolution de l’économie de l’or noir et des matières premières. Cette économie devrait bientôt bénéficier à son tour de l’essor qui se profile.
Geberit et Lonza se réjouissent
Ce sont là de bonnes nouvelles pour des entreprises suisses comme Sulzer, qui réalise presque 80% de ses ventes dans les secteurs du pétrole et du gaz. Geberit est également un acteur important, car tous ses produits ont un lien avec l’économie de l’eau. Autres exemples: Georg Fischer, qui fournit des systèmes de canalisations en PVC pour les infrastructures d’approvisionnement en eau, ou la filiale de Lonza Arch Chemicals, un des leaders du marché du traitement des eaux.
On peut de même considérer Sika comme un acteur du domaine, puisque l’entreprise produit des substances chimiques spéciales à mélanger au ciment, qui empêchent l’eau de s’infiltrer par exemple dans un bâtiment ou dans un tunnel. Enfin, il faut mentionner une société peu connue, Belimo, spécialiste de la réalisation et du montage de systèmes de régulation de l’air et de l’eau pour le bâtiment.
La médaille a son revers
Cela dit, toute médaille a son revers. A l’instar de la plupart des actions, les représentants de l’industrie de l’eau sont fortement valorisés et, lorsqu’on investit dans la lutte contre la pénurie d’eau, on s’expose aux risques des marchés émergents et l’on accepte la cyclicité d’un portefeuille très dépendant des valeurs industrielles. A l’inverse, sur le long terme une telle décision s’avère rentable.
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*Stefan Schütz, analyste, et Sybille Wyss, co-fundmanager, Taerno Waterfund, Bâle.
L’économie de l’eau est très proche du secteur du pétrole: ils ont tous deux un grand besoin de produits tels que les pompes