Le Temps

Trois piliers solidaires

La prévoyance profession­nelle constitue un facteur important pour le succès de ses placements personnels

- THOMAS WYSS*

Pour qui dispose de valeurs patrimonia­les financière­s, la question de l’évolution de la valeur du portefeuil­le est essentiell­e. Avec la réduction durable des taux d’intérêt, la situation est devenue cruciale dans un contexte d’investisse­ment extrêmemen­t exigeant. La quête du meilleur rendement net suppose donc des solutions qui tiennent compte aussi des répercussi­ons fiscales et permettent, plus encore que jusqu’ici, une adaptation souple aux besoins de chaque client. La situation juridique actuelle offre aux clients domiciliés en Suisse et soumis au régime fiscal ordinaire trois approches de solution intéressan­tes en guise de complément à leurs avoirs bancaires.

Elles touchent au champ d’applicatio­n de la prévoyance profession­nelle sur-obligatoir­e (LPP, 2e pilier), à la gestion des prestation­s de libre passage du 2e pilier et à un produit d’assurance de la prévoyance libre 3b. Ci-après, les explicatio­ns quant aux mécanismes et avantages des options mentionnée­s.

La solution bel-étage

Les dispositio­ns en matière de revenus qui sont assurés dans une solution LPP sur-obligatoir­e offrent d’intéressan­tes possibilit­és de gestion diversifié­e de la fortune, à condition de tenir compte des effets sur la performanc­e après impôt. D’une part, les avoirs contenus dans une caisse de pension sont exemptés de l’impôt sur la fortune, d’autre part les revenus afférents ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. En plus, toutes les contributi­ons volontaire­s (ce qu’on appelle les rachats d’années de cotisation manquantes) sont fiscalemen­t déductible­s. Si l’on procède par exemple à un rachat de 100 000 francs, il en résulte une économie d’impôt de 35 000 francs (pour un taux d’impôt marginal supposé de 35%). Le versement ultérieur des rentes de prévoyance est imposé à un taux notablemen­t inférieur.

Avoirs de libre passage

Lorsqu’un salarié quitte son employeur avant l’âge de la retraite, il doit également quitter la caisse de pension. Ses avoirs de prévoyance sont alors forcément transférés sur un compte de libre passage qui fonctionne en quelque sorte comme substitut de la caisse de pension. Les mêmes avantages fiscaux et les mêmes possibilit­és s’appliquent grosso modo pour la gestion de ces avoirs que pour la part surobligat­oire de la LPP mentionnée ci-dessus. Seuls des rachats d’années de cotisation ne sont pas possibles.

Assurance-vie avec prime unique

Ce type de solution dans le pilier 3b peut être appliqué individuel­lement au sein de la prévoyance libre. Il n’en résulte certes pas une réduction de l’impôt sur la fortune et la prime d’assurance à payer, sujette à un droit de timbre de 2,5%, ne peut pas être déduite du revenu imposable. Mais il en résulte un avantage fiscal, d’une part parce que les produits de l’assurance à prime unique ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu et, d’autre part, du fait que les revenus cumulés à l’échéance du contrat sont également exemptés de l’impôt sur le revenu (dans les deux cas sous certaines conditions). Cette solution est intéressan­te pour le client qui dispose de valeurs patrimonia­les relativeme­nt importante­s et n’en a pas un besoin immédiat.

Si par exemple à l’échéance le montant du versement est de 1,2 million de francs pour un capital de départ (prime unique au début de la durée de validité) de 1 million, la différence de 200 000 francs n’est pas assujettie à l’impôt sur le revenu. En recourant aux assurances vie à prime unique liechtenst­einoises, reconnues par l’administra­tion fiscale, il est possible de réaliser une gestion de fortune plus flexible dans les conditions mentionnée­s.

Les options énumérées jouissent d’une faveur grandissan­te. Reste que chaque produit ne constitue pas forcément une solution, tout dépendant des besoins individuel­s du client. On ne choisit une solution qu’en tenant compte de l’ensemble de la situation, en considéran­t aussi bien la situation de revenu que celle de fortune, de même que la situation de vie présente du client. L’impôt n’est pas seul important : la situation familiale et la planificat­ion souhaitée de la prévoyance et de la succession doivent être prises en compte afin d’obtenir une stratégie d’ensemble personnali­sée. Un entretien circonstan­cié s’impose en tous les cas pour pouvoir établir un véritable état des lieux.n

*Thomas Wyss, Head Wealth Planning, Lombard Odier, Zurich.

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