Les obligations d’entreprise, ça fonctionne aussi
Certaines stratégies factorielles simples peuvent afficher des résultats satisfaisants, comparativement aux indices boursiers
Dans le monde des actions aussi, des facteurs variés se sont cristallisés en tant que critères de sélection ces quarante dernières années. Alors qu’ils sont l’objet de nombreuses publications académiques dans le segment des actions, leur évidence est encore mince dans celui des obligations.
L’étude quantitative Fixed Income Research de Robeco analyse quatre primes factorielles pour la sélection systématique de corporate bonds: low-risk, value, momentum et size. En donnant le même poids (25%) à ces quatre facteurs dans un portefeuille de crédit multifactoriel, les résultats sont séduisants lorsqu’on les combine les uns avec les autres. Les ratios de Sharpe, en particulier, sont élevés pour les stratégies size, low-risk et value, à 0,31, 0,41 et 0,27 respectivement, et sont significativement plus élevés que le ratio de Sharpe du marché, qui se situe à 0,12. Conformément aux attentes, une stratégie low-risk présente la volatilité la plus faible, tandis qu’une stratégie value est classée risquée.
Pour réaliser un bon mix sous l’angle rendement-risque, une stratégie multifactorielle au ratio de Sharpe de 0,29 apparaît comme l’approche la plus efficace pour les investissements. Des études ultérieures montrent que les stratégies factorielles fonctionnent même en tenant compte des frais de transaction. Une stratégie multifactorielle dans le segment investment grade affiche encore un ratio de Sharpe de 0,22.
Deux marchés interdépendants
A ce jour, les observations ont été purement académiques. Dans la pratique, les stratégies factorielles génériques recèlent essentiellement un potentiel d’optimisation. Une des réflexions fondamentales consiste à comprendre le risque encouru avec chacun des facteurs et d’éliminer ensuite les risques non rémunérés. On peut par exemple élargir la définition des facteurs low-risk, value et momentum et y inclure des données du marché des actions. En effet, des interdépendances se manifestent souvent entre ces deux marchés.
Augmentations notables
Des facteurs optimisés constituent la clé d’une amélioration des stratégies factorielles génériques. De fait, l’étude Robeco montre que les stratégies factorielles perfectionnées présentent des ratios de Sharpe supérieurs, la différence pouvant atteindre 70% dans chacune des stratégies value et momentum appliquées au segment investment grade. Outre l’optimisation des facteurs, des règles de constitution de portefeuille plus efficaces peuvent être introduites. Pour éviter une rotation inutile des portefeuilles, on pondère par exemple l’attrait d’un emprunt en termes de signaux factoriels (potentiel alpha) visà-vis des frais de transaction.
Eviter une trop forte concentration
Une stratégie factorielle doit comporter la possibilité de se positionner activement en vue d’atteindre un ratio de Sharpe plus élevé. Cela passe par une pondération différenciée par pays et par secteur vis-à-vis du benchmark. Il s’agit toutefois d’éviter une concentration excessive. On a vu une stratégie générique de type value souscrire davantage d’emprunts du secteur financier en 2007 et enregistrer des pertes considérables en 2008.
Données fondamentales indispensables
Avec des algorithmes, il peut être difficile dans certains cas de relever les risques individuels. Dès lors, il est impératif de vérifier par une analyse fondamentale des achats prescrits par le modèle quantitatif. En vertu des stratégies factorielles Robeco, quelque 5% de toutes les transactions sont ainsi rejetées sur la base d’une analyse fondamentale. De même, un contrôle individuel permet d’éliminer les risques ESG.
A ce jour, les observations ont été purement académiques. Dans la pratique, les stratégies factorielles génériques recèlent essentiellement un potentiel d’optimisation
Bernhard Breloer, Quant Client Portfolio Manager, Robeco Suisse, Zurich.