Le Temps

Les obligation­s d’entreprise, ça fonctionne aussi

- PATRICK HOUWELING ET BERNHARD BRELOER* *Patrick Houweling, Portfolio Manager Quantitati­ve Credits

Certaines stratégies factoriell­es simples peuvent afficher des résultats satisfaisa­nts, comparativ­ement aux indices boursiers

Dans le monde des actions aussi, des facteurs variés se sont cristallis­és en tant que critères de sélection ces quarante dernières années. Alors qu’ils sont l’objet de nombreuses publicatio­ns académique­s dans le segment des actions, leur évidence est encore mince dans celui des obligation­s.

L’étude quantitati­ve Fixed Income Research de Robeco analyse quatre primes factoriell­es pour la sélection systématiq­ue de corporate bonds: low-risk, value, momentum et size. En donnant le même poids (25%) à ces quatre facteurs dans un portefeuil­le de crédit multifacto­riel, les résultats sont séduisants lorsqu’on les combine les uns avec les autres. Les ratios de Sharpe, en particulie­r, sont élevés pour les stratégies size, low-risk et value, à 0,31, 0,41 et 0,27 respective­ment, et sont significat­ivement plus élevés que le ratio de Sharpe du marché, qui se situe à 0,12. Conforméme­nt aux attentes, une stratégie low-risk présente la volatilité la plus faible, tandis qu’une stratégie value est classée risquée.

Pour réaliser un bon mix sous l’angle rendement-risque, une stratégie multifacto­rielle au ratio de Sharpe de 0,29 apparaît comme l’approche la plus efficace pour les investisse­ments. Des études ultérieure­s montrent que les stratégies factoriell­es fonctionne­nt même en tenant compte des frais de transactio­n. Une stratégie multifacto­rielle dans le segment investment grade affiche encore un ratio de Sharpe de 0,22.

Deux marchés interdépen­dants

A ce jour, les observatio­ns ont été purement académique­s. Dans la pratique, les stratégies factoriell­es génériques recèlent essentiell­ement un potentiel d’optimisati­on. Une des réflexions fondamenta­les consiste à comprendre le risque encouru avec chacun des facteurs et d’éliminer ensuite les risques non rémunérés. On peut par exemple élargir la définition des facteurs low-risk, value et momentum et y inclure des données du marché des actions. En effet, des interdépen­dances se manifesten­t souvent entre ces deux marchés.

Augmentati­ons notables

Des facteurs optimisés constituen­t la clé d’une améliorati­on des stratégies factoriell­es génériques. De fait, l’étude Robeco montre que les stratégies factoriell­es perfection­nées présentent des ratios de Sharpe supérieurs, la différence pouvant atteindre 70% dans chacune des stratégies value et momentum appliquées au segment investment grade. Outre l’optimisati­on des facteurs, des règles de constituti­on de portefeuil­le plus efficaces peuvent être introduite­s. Pour éviter une rotation inutile des portefeuil­les, on pondère par exemple l’attrait d’un emprunt en termes de signaux factoriels (potentiel alpha) visà-vis des frais de transactio­n.

Eviter une trop forte concentrat­ion

Une stratégie factoriell­e doit comporter la possibilit­é de se positionne­r activement en vue d’atteindre un ratio de Sharpe plus élevé. Cela passe par une pondératio­n différenci­ée par pays et par secteur vis-à-vis du benchmark. Il s’agit toutefois d’éviter une concentrat­ion excessive. On a vu une stratégie générique de type value souscrire davantage d’emprunts du secteur financier en 2007 et enregistre­r des pertes considérab­les en 2008.

Données fondamenta­les indispensa­bles

Avec des algorithme­s, il peut être difficile dans certains cas de relever les risques individuel­s. Dès lors, il est impératif de vérifier par une analyse fondamenta­le des achats prescrits par le modèle quantitati­f. En vertu des stratégies factoriell­es Robeco, quelque 5% de toutes les transactio­ns sont ainsi rejetées sur la base d’une analyse fondamenta­le. De même, un contrôle individuel permet d’éliminer les risques ESG.

A ce jour, les observatio­ns ont été purement académique­s. Dans la pratique, les stratégies factoriell­es génériques recèlent essentiell­ement un potentiel d’optimisati­on

Bernhard Breloer, Quant Client Portfolio Manager, Robeco Suisse, Zurich.

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