La justice relaxe les accusés de Tarnac
Les présumés saboteurs du TGV en 2008 ont tous été relaxés. Le prévenu suisse est, lui, condamné à 4 mois de prison avec sursis
Dix ans de méandres judiciaires. Un procès de deux semaines, en mars. Conclusion? Une relaxe quasi généralisée, jeudi, par le Tribunal correctionnel de Paris, qui n’a retenu au final qu’une seule maigre charge contre les principaux accusés: refus de se soumettre aux prélèvements biologiques. L’enquête et le réquisitoire du parquet ont volé en lambeaux à l’énoncé du jugement.
Huit prévenus, tous liés entre eux par leur militantisme d’ultra-gauche et leur fréquentation du village de Tarnac (Corrèze) dans les années 2000, étaient accusés d’avoir, de près ou de loin, participé ou aidé au sabotage de caténaires électriques des lignes de TGV, dans la nuit du 6 au 7 novembre 2008. Les deux principaux prévenus, Julien Coupat et Yildune Lévy, avaient été présentés à l’époque, sous le quinquennat Sarkozy, comme de dangereux terroristes. Des moyens policiers considérables avaient été mobilisés pour les surveiller, puis les arrêter. L’un comme l’autre ont connu la détention préventive.
Au bout du compte, la débâcle est spectaculaire pour l’appareil policier français, dont les failles avaient déjà été démontrées par l’abandon, en décembre 2017, du chef d’accusation «terroriste». Seule présente à l’audience jeudi, Yildune Lévy a, comme Julien Coupat, été relaxée du chef «d’association de malfaiteurs» et de «dégradations de biens publics», même si la présidente a redit que de nombreuses zones d’ombre demeurent dans ce dossier, empoisonné par de douteuses déclarations policières. Le mystère demeure donc: qui a, en novembre 2008, posé un fer à béton sur un câble électrique de TGV? Comment s’expliquent les cinq incidents de TGV survenus à cette époque? Les deux principaux prévenus les ont toujours attribués à des antinucléaires allemands, malgré la présence sur place de leur voiture et d’indices.
Pour recel de documents
Le seul prévenu condamné à l’issue du procès est un Suisse successivement domicilié à Genève, en France et à Bâle. Il n’était pas mis en examen pour «dégradations» et pour «association de malfaiteurs». Il a été déclaré coupable d’avoir, en 2008, recelé des documents d’identité volés puis tenté de les falsifier, en lien avec le réseau de Tarnac. Sa peine? 4 mois de prison avec sursis.