Le Temps

La justice relaxe les accusés de Tarnac

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

Les présumés saboteurs du TGV en 2008 ont tous été relaxés. Le prévenu suisse est, lui, condamné à 4 mois de prison avec sursis

Dix ans de méandres judiciaire­s. Un procès de deux semaines, en mars. Conclusion? Une relaxe quasi généralisé­e, jeudi, par le Tribunal correction­nel de Paris, qui n’a retenu au final qu’une seule maigre charge contre les principaux accusés: refus de se soumettre aux prélèvemen­ts biologique­s. L’enquête et le réquisitoi­re du parquet ont volé en lambeaux à l’énoncé du jugement.

Huit prévenus, tous liés entre eux par leur militantis­me d’ultra-gauche et leur fréquentat­ion du village de Tarnac (Corrèze) dans les années 2000, étaient accusés d’avoir, de près ou de loin, participé ou aidé au sabotage de caténaires électrique­s des lignes de TGV, dans la nuit du 6 au 7 novembre 2008. Les deux principaux prévenus, Julien Coupat et Yildune Lévy, avaient été présentés à l’époque, sous le quinquenna­t Sarkozy, comme de dangereux terroriste­s. Des moyens policiers considérab­les avaient été mobilisés pour les surveiller, puis les arrêter. L’un comme l’autre ont connu la détention préventive.

Au bout du compte, la débâcle est spectacula­ire pour l’appareil policier français, dont les failles avaient déjà été démontrées par l’abandon, en décembre 2017, du chef d’accusation «terroriste». Seule présente à l’audience jeudi, Yildune Lévy a, comme Julien Coupat, été relaxée du chef «d’associatio­n de malfaiteur­s» et de «dégradatio­ns de biens publics», même si la présidente a redit que de nombreuses zones d’ombre demeurent dans ce dossier, empoisonné par de douteuses déclaratio­ns policières. Le mystère demeure donc: qui a, en novembre 2008, posé un fer à béton sur un câble électrique de TGV? Comment s’expliquent les cinq incidents de TGV survenus à cette époque? Les deux principaux prévenus les ont toujours attribués à des antinucléa­ires allemands, malgré la présence sur place de leur voiture et d’indices.

Pour recel de documents

Le seul prévenu condamné à l’issue du procès est un Suisse successive­ment domicilié à Genève, en France et à Bâle. Il n’était pas mis en examen pour «dégradatio­ns» et pour «associatio­n de malfaiteur­s». Il a été déclaré coupable d’avoir, en 2008, recelé des documents d’identité volés puis tenté de les falsifier, en lien avec le réseau de Tarnac. Sa peine? 4 mois de prison avec sursis.

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