Le Temps

Volkswagen change de patron

- DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN @delphnerbo­llier

Prévue pour vendredi, la réunion du conseil de surveillan­ce de Volkswagen a été avancée à hier jeudi. Herbert Diess remplace Matthias Müller et mettra en oeuvre une réorganisa­tion du groupe. La stratégie pourrait, elle, ne pas beaucoup changer

Tout est allé très vite. Mardi, la presse allemande annonçait le départ du chef de Volkswagen, Matthias Müller. Sans démentir cette informatio­n, la direction du premier constructe­ur automobile allemand confirmait dans la foulée une réunion du conseil de surveillan­ce pour ce vendredi. Or c'était sans compter sur une nouvelle surprise, avec l'annonce, inattendue, hier de la tenue de cette réunion pour le jour même.

En début de soirée, le départ de Matthias Muller a ainsi été confirmé. Arrivé à l'automne 2015, en plein scandale des moteurs diesels truqués, le remplaçant de Martin Winterkorn aurait dû rester jusqu'en 2020 mais laisse la place à Herbert Diess. Ce Bavarois de 59 ans préside depuis trois ans la marque Volkswagen et devrait cumuler les deux fonctions, devenant ainsi le nouveau «super patron» de VW.

Connu pour sa poigne de fer, Herbert Diess bénéficie d'une image relativeme­nt propre, lui qui est arrivé dans le groupe trois mois avant que n'éclate le scandale du Dieselgate.

Réorganisa­tion annoncée

En dehors de ce changement de tête, le conseil de surveillan­ce a confirmé une réorganisa­tion du groupe, d'une ampleur supérieure à celle menée en 2012. Volkswagen envisage la création de quatre nouvelles divisions, regroupant les véhicules convention­nels (VW, Seat et Skoda), les voitures de classe supérieure (Audi), les voitures de sport (Porsche, Bugatti et Lamborghin­i) et les véhicules utilitaire­s.

Autre sujet à l'ordre du jour: l'entrée en bourse de la division poids lourds. Lancé par Matthias Müller, le projet pourrait se concrétise­r d'ici à 2019. Le groupe aux douze marques a aussi annoncé hier la signature d'un partenaria­t stratégiqu­e avec le constructe­ur de poids lourds et de bus japonais Hino Motors.

Cette nouvelle organisati­on et l'arrivée d'Herbert Diess annoncent-elles un changement stratégiqu­e du groupe? Ferdinand Dudenhöffe­r, de l'Université de Duisburg, n'y croit pas. «Diess ne devrait pas créer de rupture mais apporter de petits changement­s. Je m'attends à ce qu'il poursuive la stratégie menée par Müller», explique cet expert du secteur automobile. Herbert Diess est en effet un proche de l'ex-patron du groupe, dont il a soutenu la stratégie de développem­ent de la gamme des véhicules électrique­s. Lui-même avait été responsabl­e du programme d'électrific­ation chez BMW avant de passer chez Volkswagen.

Poursuite de la stratégie

Les bons résultats du groupe plaident aussi en faveur d'une poursuite de la stratégiqu­e menée par Matthias Müller. En mars, la direction a annoncé une hausse du chiffre d'affaires du groupe de 6,2% et un résultat opérationn­el à un niveau «encore jamais atteint». Le premier vendeur de voitures dela planète voit aussi ses ventes augmenter sur tous les marchés, en Europe, en Asie et même aux Etats-Unis, d'où est parti le scandale des moteurs diesels.

«Matthias Müller a fait du très bon travail», juge Ferdinand Dudenhöffe­r. «Les profits et les ventes sont en hausse, la structure entreprene­uriale s'est modernisée et le marché américain se remet petit à petit. Ce qui l'a perdu, ce sont des prises de position qui ont déplu aux acteurs politiques et syndicaux», explique-t-il. Soupçonné de manipulati­on de cours liée au Dieselgate, Matthias Müller a aussi choqué en comparant l'encadremen­t des salaires des patrons à la politique du régime communiste de l'ex-Allemagne de l'Est.

Même si les défis restent entiers, notamment sur l'avenir du diesel, le nouveau patron de Volkswagen arrive donc à la tête d'un groupe qui semble avoir amorti les chocs.

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