Le Temps

Rebondisse­ment dans l’ultime affaire Madoff à Genève

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

JUSTICE Le Tribunal fédéral ordonne à la justice d’examiner si l’ancien responsabl­e d’Optimal, acquitté de l’accusation de gestion déloyale en 2015, a commis une escroqueri­e

La dernière procédure pénale genevoise liée à la gigantesqu­e fraude Madoff pourrait rebondir. Dans un arrêt publié vendredi, le Tribunal fédéral estime que la justice genevoise aurait dû examiner si les faits reprochés à l’ex-directeur de la société de gestion Optimal Investment Services relevaient de l’escroqueri­e. Une nouvelle audience ou une procédure écrite pourrait être lancée.

Manuel Echeverria avait été acquitté de l’accusation de gestion déloyale avec dessein d’enrichisse­ment en décembre 2015, lors d’un procès en première instance, puis en appel. L’unique plaignant dans ce dossier – un profession­nel de l’investisse­ment ayant perdu 101 000 francs dans l’escroqueri­e Madoff – estimait que l’accusé avait manqué à tous ses devoirs afin de s’enrichir grâce aux généreuses commission­s distribuée­s par le maître des placements fantômes. Le plaignant avait aussi injecté 37 millions de francs appartenan­t à ses clients dans un fonds d’Optimal investi auprès de Madoff.

«A la limite de l’escroqueri­e»

La partie plaignante avait voulu que Manuel Echeverria soit poursuivi pour escroqueri­e, mais le procureur Marc Tappolet s’en était tenu à l’accusation de gestion déloyale. Il avait déclaré en audience que le dossier se trouvait à la limite de l’escroqueri­e. En appel (qui portait sur les quelque 2 millions de francs que le canton avait été condamné à payer au prévenu), la Cour décidait que la question de l’éventuelle escroqueri­e avait déjà été tranchée et qu’elle ne reviendrai­t pas dessus.

Erreur, estime le Tribunal fédéral: cette question doit être examinée. La Cour d’appel genevoise peut maintenant décider de s’en occuper elle-même, ou de renvoyer le dossier au Tribunal de première instance, ou encore de demander un complément d’enquête au Ministère public. La notion d’escroqueri­e implique notamment l’existence d’une tromperie astucieuse.

Avocate de la partie plaignante avec Laurent Moreillon, Miriam Mazou se déclare «satisfaite que la justice genevoise doive enfin examiner l’accusation d’escroqueri­e, qui est celle pour laquelle notre client avait déposé plainte à l’origine». Conseil de Manuel Echeverria avec Andrew Garbarski, Saverio Lembo affirme pour sa part que son client «attend la suite de la procédure avec sérénité».

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BERNARD MADOFF

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