Le Temps

La blockchain simplifier­a l’administra­tion

- ANTOINE VERDON ENTREPRENE­UR ET INVESTISSE­UR, ZURICH

Selon un récent classement du Forum économique mondial (WEF), la Suisse se situe actuelleme­nt au 56e rang sur 138 pays en ce qui concerne le temps nécessaire à la création d'une entreprise. En comparaiso­n internatio­nale, il s'agit donc d'un processus fastidieux, prenant généraleme­nt une dizaine de jours ouvrables. Dans le cadre de l'initiative Digital Switzerlan­d, nous avons pris le pari de changer cette situation et de permettre la création de sociétés anonymes en moins de 48 heures, faisant passer la Suisse dans le top 10.

Un groupe s'est rapidement constitué autour du projet, comprenant notamment IBM, Swisscom, le Registre du commerce de Zoug, ainsi que plusieurs avocats et notaires. En analysant la situation actuelle, nous avons réalisé que la lenteur helvétique n'est pas due à une trop grande complexité procédural­e, mais plutôt au fait que les différente­s parties impliquées dans le processus sont organisées en séquence; un acteur (avocat, entreprene­ur, notaire, banque, registre) doit attendre que le précédent ait terminé son travail avant de commencer le sien. Pour cette raison, nous avons mis en place la technologi­e Proxeus afin de paramétrer un smart contract permettant de mieux coordonner le travail entre les parties.

Changement de perspectiv­e

Dans cette nouvelle configurat­ion, l'entreprene­ur est invité à saisir les informatio­ns nécessaire­s à l'inscriptio­n au registre dans un workflow guidé, à la suite duquel tous les documents sont produits – de façon numérique, mais aussi en format imprimable, le cadre légal actuel ne permettant pas de passer outre la signature manuscrite et la notarisati­on sur papier. C'est un changement total de perspectiv­e: dans un système fondé sur la blockchain, c'est l'entreprene­ur qui enregistre sa propre société – les autres parties viennent simplement valider l'inscriptio­n, confirmant que les conditions nécessaire­s sont remplies (le capital a été payé, les actes authentiqu­es ont été créés, le nom de la société est disponible, son but est formulé de façon adéquate, etc.).

Lundi soir à Zurich, le système a été mis à l'épreuve lors de l'événement annuel de Digital Switzerlan­d, avec pour objectif de créer une vraie société anonyme. Résultat: l'ensemble des étapes, de la saisie des données à la validation de l'inscriptio­n par le Registre du commerce de Zoug, s'est déroulé en 1h37, constituan­t non seulement une première mondiale, mais aussi la preuve qu'au-delà du bitcoin et des cryptomonn­aies, la blockchain apporte une vraie valeur ajoutée pour simplifier des processus inutilemen­t complexes à tous les niveaux.

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