Atlanta, le «Motown rap»
Créative, dynamique, diversifiée, la galaxie rap issue de la capitale de l’Etat de Géorgie concentre une exaltante génération d’artistes avec qui le hip-hop réapprend à innover
Atlanta: «Le centre de gravité du hip-hop américain», jurait le New York Times en 2009 déjà. Jusque-là, néanmoins, «ATL» n’avait été qu’un acteur secondaire dans le développement du rap aux Etats-Unis. A la fin des années 1990 pourtant, une scène portée par Jermaine Dupri, OutKast ou Lil Jon y opère une synthèse entre Miami-Bass, gangsta rap et innovations expérimentales. De ces carambolages naissait une suite de courants cruciaux: crunk, dirty south, snap et surtout trap, style lent, sombre, fait de basses lourdes, de «charleys» nerveux et de caisses claires comme rendues folles.
T.I, Gucci Mane ou Young Jeezy incarnent en pionniers un genre aujourd’hui dominant. Depuis, la «Grosse pêche» voit constamment surgir des talents qui donnent à goûter leurs visions glaçantes. Hier, c’étaient Future, Migos ou Young Thug dont les challengers 2 Chainz, Rich Homie Quan et Rome Fortune contestaient le trône. Aujourd’hui, sinon 21 Savage et les jeunes pousses Russ, 24hrs, 6lack ou Dae Dae, c’est Playboi Carti qui capte l’attention. Cité par le magazine Forbes comme l’un des dix talents amenés à prochainement dominer le «Game», l’auteur du tube Magnolia, par ailleurs collaborateur de Lana Del Rey et A$AP Rocky, incarne à fond les tables de loi trap: hédonisme malsain et consumérisme à fond. Mais déjà Atlanta imagine son avenir. Davantage que les MCs, des producteurs à l’avantgarde en seront les héros: Mike Will Made It (Kendrick Lamar), Zaytoven (Wiz Khalifa) ou Metro Boomin (Drake).
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