Le Temps

Mettre fin à l’aventurism­e genevois

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Les députés genevois, tous partis confondus, ne sont pas les derniers à se plaindre du Conseil d’Etat. Nul besoin de les forcer pour qu’ils mettent le goût d’inachevé que laisse cette législatur­e sur le dos d’un gouverneme­nt apathique. Alors que plusieurs d’entre eux demandent ce dimanche aux électeurs de leur confier un nouveau mandat, on ne saurait trop les encourager à faire preuve de beaucoup de modestie.

Les 26 et 27 avril, les cent élus se réuniront pour la dernière fois. Cette séance plénière sera le symbole de l’échec patent du travail parlementa­ire de ces quatre dernières années. Avant de se dire adieu, les députés auront en effet à traiter dans l’urgence de plusieurs dossiers qui engagent l’avenir du canton. A elle seule, la réforme de la caisse de pension des fonctionna­ires coûtera jusqu’à 4 milliards de francs à la collectivi­té. Les élus devront pourtant trancher en vitesse, car ils sont sommés également, entre autres choses, de faire un sort à une loi sur la laïcité, déposée il y a trois ans par le Conseil d’Etat. Et que dire du temps nécessaire pour enquêter sur le fiasco qui a amené au meurtre d’une sociothéra­peute par Fabrice A.? Les parlementa­ires découvriro­nt le travail de leurs pairs quatre ans et demi après les faits et devront prendre une décision précipitée.

Ces errances trouvent leurs racines en 2009. Le parlement genevois sorti des urnes dessinait alors trois blocs: la gauche, la droite et la Nouvelle Force, constituée par l’UDC et le MCG. Cette répartitio­n bancale a apporté beaucoup de confusion. L’UDC et le MCG n’ont construit aucun projet majeur. Pire: le MCG a explosé en vol, perdant cinq de ses députés. Depuis, le parti «ni droite ni gauche» vote avec cette dernière.

La lisibilité de l’action publique a clairement pâti de cette répartitio­n inédite. Il est temps de mettre fin à cette aventure, alors que rien ne garantit que la prospérité dans laquelle baigne Genève depuis plusieurs années va se prolonger. Deux rendez-vous électoraux attendent les citoyens ces prochaines semaines. Celui de dimanche est le plus important. Le Grand Conseil qui en émergera devra être le reflet d’un choix clair, apportant une majorité à un camp, reléguant l’autre dans l’opposition. Les conditions d’une législatur­e constructi­ve, où l’avenir du canton se décide sur la base de compromis réfléchis, seraient alors posées.

Rien ne garantit que la prospérité dans laquelle baigne Genève va se prolonger

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