Le Temps

Romande Energie se prépare à la libéralisa­tion du marché

Malgré un contexte tendu, les résultats 2017 du groupe vaudois sont positifs. Mais, d’ici à 2020, le premier fournisseu­r romand d’électricit­é devra réorienter son activité sur les services

- MARIE MAURISSE @MarieMauri­sse

Sur le papier, les chiffres sont bons. Lundi, Romande Energie a présenté ses résultats 2017 lors d’une conférence de presse à Lausanne. Sur l’année dernière, le groupe vaudois a réalisé un bénéfice net de 121 millions, en hausse de plus de 6% par rapport à 2016. Ses actionnair­es, dont l’Etat de Vaud et les communes vaudoises forment une majorité, devraient ainsi recevoir des dividendes de 36 francs par action, un montant identique à celui de l’année dernière.

Dans le détail, les voyants ne sont pas tous au vert. La performanc­e opérationn­elle (EBITDA) est en baisse de 11% sur la période. En cause: la baisse des tarifs d’électricit­é imposée par la Confédérat­ion, un hiver 2017 plus doux qui a poussé les Romands à éteindre leur chauffage, et des résultats décevants pour la nouvelle centrale de production des Forces motrices Hongrin-Léman, entrée en service début 2017. Cette dernière n’est pas assez compétitiv­e sur le marché, selon Pierre-Alain Urech, directeur général du groupe.

Les difficulté­s du géant Alpiq, qui a perdu 84 millions de francs l’année dernière, pèsent aussi sur Romande Energie, qui en possède 9% via la société EOS Holding. Si le bénéfice est en hausse, c’est donc essentiell­ement grâce au crédit d’impôts de 45 millions automatiqu­ement prévu par le canton de Vaud dans le cadre de la prochaine entrée en vigueur de la réforme de l’imposition des entreprise­s, la RIE III.

Equation complexe

A long terme, l’équation semble ainsi complexe pour Romande Energie, notamment parce que Doris Leuthard, la conseillèr­e fédérale chargée de l’Energie, semble décidée à accélérer la libéralisa­tion du marché. Un projet de loi sera d’ailleurs présenté à l’automne au parlement. Pour Pierre-Alain Urech, il n’est plus question de fermer les yeux face à cette évolution: «Nous n’avons pas peur, il faut faire avec», a-t-il affirmé hier.

Face à la concurrenc­e européenne, l’électricit­é suisse est trop chère. Pour contourner le problème, Romande Energie a choisi de développer ses activités de services énergétiqu­es comme les réparation­s ou les installati­ons de chauffage à distance. Ce départemen­t compte désormais 150 collaborat­eurs sur les 830 que totalise le groupe. Sur ce segment, le chiffre d’affaires a doublé en 2017, mais il ne représente encore que 0,2% du résultat opérationn­el. L’objectif est d’atteindre les 100 millions en 2023. «La rentabilit­é est plus faible que dans les activités régulées, admet Pierre-Alain Urech, mais cela reste intéressan­t. Et c’est une activité qui ne demande pas beaucoup de capitaux, puisqu’il s’agit d’employés qui se déplacent chez le client.»

Investisse­ments en France

Afin d’améliorer sa capacité de production, Romande Energie compte investir 284 millions entre 2018 et 2023 dans ses propres installati­ons énergétiqu­es. Mais les projets vaudois comme les parcs éoliens de Sainte-Croix ou de Provence sont à l’arrêt, de même que celui du barrage-usine de Massongex, en Valais. En attendant, Romande Energie investit massivemen­t en France, dans des parcs éoliens et des centrales hydrauliqu­es.

Cette stratégie devrait permettre au groupe vaudois de limiter les dégâts au moment de la libéralisa­tion du marché. Mais le directeur général de Romande Energie l’a affirmé: le groupe devra aussi faire des économies. Un plan de réduction des coûts opérationn­els de 20 millions est planifié d’ici à 2020. Des licencieme­nts sont-ils prévus? «Nous prendrons des décisions cet automne après avoir analysé la situation, répond Pierre-Alain Urech, sans plus de précisions. Mais nous préféreron­s les transferts d’activité aux suppressio­ns de postes.»

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