Arabie saoudite: quelle grande réforme?
Le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie saoudite veut se donner une image réformiste (LT du 10.04.2018). Il risque fort de se heurter au clergé ultra-rigoriste qui prône le wahhabisme, une idéologie totalitaire issue d’un islam de retour aux sources dont se nourrissent les islamistes. Cet islam puritain et figé imprègne la société de ce pays et constitue le socle du discours de milliers d’imans dans le monde entier souvent sous le couvert de l’ouverture de nouvelles mosquées financées par la Ligue islamique mondiale. C’est la voie vers plus de rigueur dans la pratique de cette idéologie religieuse. Dans ce contexte, le bilan désastreux de l’Arabie saoudite en termes de droits humains n’étonne pas. Les tribunaux prononcent régulièrement des sentences capitales pour toute une série d’infractions non constitutives de délits graves selon les normes internationales: déviances religieuses, comportements réprouvés comme la sorcellerie et l’adultère, blasphème, violation (même mineure) de la législation sur les stupéfiants, etc. Ces condamnations sont généralement prononcées à l’issue de procès iniques (régis par la charia en l’absence de Code pénal) sans enquêtes sérieuses; les «aveux» sont obtenus sous la contrainte, souvent la torture. Si le prince héritier Mohammed ben Salmane a vraiment l’intention d’être un «réformateur», il doit mettre fin à la répression systématique des femmes, des minorités et des défenseurs des droits humains, ordonner la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion et cesser de recourir à la peine de mort.
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