Le Temps

Arabie saoudite: quelle grande réforme?

- SERGE ANSERMET, VEVEY

Le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie saoudite veut se donner une image réformiste (LT du 10.04.2018). Il risque fort de se heurter au clergé ultra-rigoriste qui prône le wahhabisme, une idéologie totalitair­e issue d’un islam de retour aux sources dont se nourrissen­t les islamistes. Cet islam puritain et figé imprègne la société de ce pays et constitue le socle du discours de milliers d’imans dans le monde entier souvent sous le couvert de l’ouverture de nouvelles mosquées financées par la Ligue islamique mondiale. C’est la voie vers plus de rigueur dans la pratique de cette idéologie religieuse. Dans ce contexte, le bilan désastreux de l’Arabie saoudite en termes de droits humains n’étonne pas. Les tribunaux prononcent régulièrem­ent des sentences capitales pour toute une série d’infraction­s non constituti­ves de délits graves selon les normes internatio­nales: déviances religieuse­s, comporteme­nts réprouvés comme la sorcelleri­e et l’adultère, blasphème, violation (même mineure) de la législatio­n sur les stupéfiant­s, etc. Ces condamnati­ons sont généraleme­nt prononcées à l’issue de procès iniques (régis par la charia en l’absence de Code pénal) sans enquêtes sérieuses; les «aveux» sont obtenus sous la contrainte, souvent la torture. Si le prince héritier Mohammed ben Salmane a vraiment l’intention d’être un «réformateu­r», il doit mettre fin à la répression systématiq­ue des femmes, des minorités et des défenseurs des droits humains, ordonner la libération immédiate et inconditio­nnelle de tous les prisonnier­s d’opinion et cesser de recourir à la peine de mort.

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