Gunvor fera preuve de plus de transparence
Le négociant genevois devient membre de l’ITIE et publiera ses paiements pour l’achat de pétrole. Une annonce qui tombe à la veille d’un vote crucial au Conseil national sur la transparence dans le secteur
Gunvor rejoint l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Le négociant genevois publiera dès cet été ses paiements pour l'achat de pétrole dans les 51 pays membres de l'organisation. «Nous sommes en train de finaliser la méthodologie pour la récolte de données», a confirmé mercredi au Temps un porte-parole du négociant.
«Le soutien de Gunvor envers l'ITIE reflète notre engagement comme maison de négoce à encourager des politiques et pratiques progressistes dans les secteurs pétrolier et gazier», a déclaré le directeur du groupe, Torbjörn Törnqvist, cité dans un communiqué.
Un timing qui interpelle
Gunvor admet y réfléchir depuis «quelques années» mais le timing interpelle. Cette annonce surgit après que l'ONG Public Eye a critiqué Gunvor pour l'opacité entourant ses activités en Afrique et alors qu'une enquête du Ministère public de la Confédération est toujours en cours pour «défaut d'organisation» présumé.
Jeudi, le Conseil national doit par ailleurs se prononcer sur la transparence dans les paiements du secteur du négoce, dans le cadre d'une révision du droit des sociétés anonymes. Le directeur de ITIE, Jonas Moberg, affirmait samedi dans nos colonnes que les standards de son organisation et la réglementation dans les législations où sont établis les négociants restent «deux approches complémentaires».
Le secrétariat de l'ITIE, basé à Oslo, milite depuis 2003 pour l'adoption de standards communs de transparence pour l'industrie extractive (production de matières premières). Avec un certain succès puisque les majors pétrolières les ont adoptés. Depuis quelques années, la discussion s'est cependant déplacée vers les négociants qui vendent et achètent le pétrole.
Après Trafigura, Gunvor devient le deuxième négociant à rejoindre l'organisation. Pour l'heure, aucune disposition n'a été prise quant aux activités dans les pays non membres de l'ITEI. Soit – pour Gunvor – une cinquantaine de pays, dont la Russie.
«Nous devons encore décider si nous nous dirigeons vers la publication de données agrégées pour ces pays [comme le fait Trafigura, ndlr]», explique un porte-parole. «Nous voulons que cette information soit en ligne avec celles publiées par nos concurrents.»