Hommage à Michel Voisard
Le Quotidien Jurassien est orphelin de son éditeur. Michel Voisard s’est éteint mardi après avoir lutté, avec la vigueur et l’optimisme qui le caractérisaient, contre une cruelle maladie. Il avait 75 ans, dont 45 ans passés dans le secteur de l’imprimerie et des médias.
Michel Voisard est né le 22 août 1942, à Alle, sous le signe du Lion. Il en a hérité l’instinct, le courage et une farouche volonté d’indépendance, qui a guidé son action à la tête du Quotidien Jurassien. De sa terre natale d’Ajoie, il a tiré son caractère trempé, son franc-parler et le sens de la convivialité, qui en faisait un hôte attachant et généreux.
Après avoir travaillé dans la banque et l’horlogerie, Michel Voisard bifurque à l’âge de 30 ans vers la presse. Il est engagé en 1972 par la famille Schnetz à la comptabilité de l’Imprimerie du Démocrate, qui édite le journal du même nom. Il se verra confier des responsabilités croissantes. Il accède à la direction de l’imprimerie et du journal, dont il deviendra plus tard l’éditeur, succédant à Maryse Cavaleri-Schnetz.
Michel Voisard assurait toujours la présidence de Démocrate Media Holding, un groupe en main de sa famille, composé de plusieurs sociétés: le centre d’impression Pressor SA, les Éditions D + P SA – qui édite Le Quotidien Jurassien et des ouvrages –, l’Agence photo presse Bist SA, l’imprimerie numérique Demotec SA à Porrentruy et MEM SA Moutier, société éditrice de La Gazette de la région. Il a siégé longtemps au comité de Médias Suisses et a été membre fondateur de l’association Romandie Combi.
En 1993, il fut l’un des instigateurs de la fusion du Démocrate, de Delémont, et du Pays, journal de Porrentruy, union qui donna naissance au Quotidien Jurassien. Ces deux titres plus que centenaires, politiquement rivaux, ont préféré l’alliance à la concurrence pour permettre à la région jurassienne de conserver un quotidien de qualité et économiquement viable.
Michel Voisard a acquis en 1998 la totalité du capital-actions de l’Imprimerie du Démocrate SA, en rachetant les parts détenues par le groupe vaudois Edipresse. Le fait d’avoir rapatrié le centre de décision de l’entreprise dans le Jura était une de ses fiertés, tout comme de voir ses deux enfants, Sébastien et Muriel, le rejoindre et s’investir au bénéfice de l’imprimerie et du journal.
Michel Voisard n’a jamais cessé de croire au papier, sans pour autant négliger l’information sur les plateformes numériques. Il était un éditeur qui savait faire une différence claire entre la publicité et l’information. Il a toujours préservé l’indépendance de la rédaction. Rigoureux, il était attaché à la crédibilité du titre et à l’intérêt des lecteurs davantage qu’aux dividendes.
Patron de presse comme il en reste peu, imprimant son journal sur sa propre rotative, Michel Voisard était conscient que la qualité d’un titre, c’est d’abord son contenu. Il a été à l’origine de divers partenariats, avec La Liberté d’abord puis, depuis bientôt dix ans, avec Le Temps.
Avec sa mort, une page se tourne. D’autres restent à écrire à la lumière de son souvenir.
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