Turin, de nouveau sur la voie olympique de Sion
L’aval de la population valaisanne ne suffira pas pour que la Suisse obtienne l’organisation des Jeux olympiques 2026. Il faudra ficeler un projet plus convaincant que six autres pays qui ont tous de sérieux arguments à faire valoir
Le 10 juin, les Valaisans diront s’ils veulent des Jeux. Mais même un oui ne leur garantira pas de les avoir: huit autres candidatures pour les JO 2026 ont été déposées, dont celle de Turin, de funeste mémoire pour Sion
Les Jeux olympiques d’hiver 2026 seront attribués en septembre 2019. Le CIO aura le choix entre neuf candidatures: celle de Sion, mais également celles de Stockholm (Suède), Graz (Autriche), Sapporo (Japon), Erzurum (Turquie), ainsi que trois candidates italiennes: Milan, Cortina d’Ampezzo... et Turin, qui l’avait déjà emporté contre Sion pour l’organisation des JO 2006.
La candidature turinoise n’est pas dénuée d’atouts, principalement au regard de la bonne tenue financière de l’édition 2006, qui n’est pas loin d’être considérée comme une édition vertueuse. Les organisateurs des JO d’été de Pékin 2022, par exemple, s’en inspirent. «C’est vrai, ils consultent nos techniciens et veulent accéder à notre savoirfaire, nous sommes quelque peu perçus comme un modèle», explique Evelina Christillin, viceprésidente du comité d’organisation.
Stockholm et Graz ont elles aussi des avantages à faire valoir, par exemple celui de ne pas prévoir d’en référer au peuple avant de se lancer dans l’aventure.
Ces Jeux olympiques sont les premiers à être placés sous l’égide d’un «agenda 2020» qui promet un processus de candidature simplifié et moins coûteux, une organisation plus flexible et plus durable.
Des arcanes du Comité international olympique s'échappe un ouf de soulagement. Neuf villes de sept pays différents ont manifesté leur intérêt pour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2026, les premiers placés sous l'égide d'un «agenda 2020» qui promet un processus de candidature simplifié et moins coûteux, une organisation plus flexible et plus durable.
Cette nouvelle optique a réveillé les ambitions olympiques valaisannes. Le 10 juin, la population du canton est appelée à se prononcer sur l'attribution d'un crédit de 100 millions de francs pour Sion 2026. Dès le départ, il était établi qu'un non dans les urnes enterrerait le projet olympique suisse. Un oui est donc nécessaire pour obtenir les Jeux. Mais l'actualité récente montre qu'il sera loin d'être suffisant.
Des projets ont aussi été montés à Stockholm (Suède), Graz (Autriche), Sapporo (Japon), Calgary (Canada), Erzurum (Turquie), Milan, Turin et Cortina d'Ampezzo (Italie). Quelques-uns sans doute seront prochainement abandonnés. Certains, à l'instar de Sion 2026, sont suspendus aux résultats de votations populaires. Mais neuf villes intéressées à dix-huit mois du choix final, c'est beaucoup. Et amplement plus que dans un passé récent.
La fin de la crise
Le 31 juillet 2015, les membres du CIO n'avaient eu, pour désigner la ville hôte de l'édition 2022, qu'à trancher entre Pékin et Almaty. Pour les Jeux olympiques d'été 2024, ils n'avaient là aussi que deux options, mais comme elles étaient excellentes l'une et l'autre, ils ont sauté sur l'occasion pour attribuer deux éditions d'un coup, histoire de régler la question pour quelques années. En septembre prochain à Milan, le CIO aura vraisemblablement plus de marge de manoeuvre au moment de choisir la ville hôte des Jeux 2026.
«La crise des candidatures actuelle est terminée, valide Jean-Loup Chappelet, professeur à l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP) et spécialiste de l'olympisme. Il y en a déjà eu par le passé et il y en aura sans doute d'autres mais pour l'heure, le CIO a su susciter l'intérêt de nombreuses villes en prenant de bonnes mesures.» L'économiste du sport Wladimir Andreff est du même avis: «Avec la nouvelle procédure, les villes semblent à nouveau intéressées par les Jeux. C'est une bonne nouvelle, car pour les Jeux d'hiver 2022, il a fallu faire le choix du moins pire entre une ville qui avait accueilli les Jeux d'été et un saut dans l'inconnu. Pour le CIO, cela a dû être un électrochoc…»
Phase de dialogue
En décembre 2014, dix mois après les dépassements de budget records de Sotchi, le CIO avait commencé la réforme en adoptant une feuille de route qui appelait à débarrasser les Jeux olympiques de leur gigantisme. La démarche est devenue plus limpide avec la présentation, en marge de ceux de Pyeongchang en février dernier, de 118 mesures concrètes visant à réduire les coûts des JO en repensant leur concept de fond en comble, de la taille des villages olympiques aux systèmes de transports, en passant par les infrastructures nécessaires.
Ces perspectives redéfinies ont donc amené neuf villes à manifester leur intérêt dans les délais impartis. Elles participeront maintenant à une phase dite «de dialogue» avec le CIO, pendant lequel elles seront encadrées, conseillées et orientées par des experts de l'instance. En octobre, quelques-unes seront «invitées à déposer leur candidature», c'està-dire sélectionnées pour participer au sprint final.
Sur les neuf villes «intéressées», trois ont déjà l'expérience de l'organisation des Jeux olympiques d'hiver (Calgary, Sapporo, Turin). Trois embrassent pleinement les nouvelles possibilités ouvertes par le CIO en matière de décentralisation des compétitions et d'utilisation d'infrastructures existantes (Sion, Graz, Stockholm). Une autre candidature, celle d'Erzurum, détonne en inscrivant son projet olympique dans une ambition plus globale de développement d'une région et en prévoyant des investissements plus importants. C'est dans tous les cas l'une d'entre elles qui sera choisie pour incarner des Jeux olympiques conformes aux «nouvelles normes».
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