COUPS DE COEUR AU MUSÉE DE CAROUGE
Soixante personnalités romandes ont choisi leur pièce préférée parmi les 5000 oeuvres que compte la collection de l’institution genevoise. A découvrir dès la semaine prochaine.
Soixante personnalités romandes ont élu leur pièce préférée parmi les 5000 oeuvres que compte la collection. Nathalie Chaix, nouvelle directrice des lieux, présente cette exposition miroir
Une scène d’Amour et Psyché pour la journaliste Martina Chyba. Une vieille dame penchée sur un carnet pour le dessinateur Pierre Wazem. Un cendrier en céramique noire pour la regrettée styliste Christa de Carouge. Ou encore l’autoportrait d’Emile Chambon pour l’écrivain Metin Arditi… Dès ce jeudi, au Musée de Carouge, 60 personnalités romandes dévoileront un peu de leur intimité à travers l’oeuvre qu’ils ont retenue parmi les 5000 pièces de la collection. Ces people se racontent d’autant plus qu’ils ont accompagné leur choix d’un texte personnel, déclaration enflammée ou observation fine – il y a même un slam dans le lot.
Belle initiative de la directrice Nathalie Chaix et de Klara Tuszynski, co-commissaire de cette exposition intitulée I Love Musée
de Carouge. Belle et tout sauf gratuite, puisque à travers cette démonstration de la richesse des greniers, la nouvelle responsable des lieux légitime son souhait d’un nouveau musée, plus moderne que la maison XVIIIe qui abrite l’actuel espace fondé en 1981 et surtout plus spacieux.
DE TAVEL À CAROUGE
Des oiseaux sur sa robe bleue. Une étincelle dans son regard. Après six ans passés à la tête du Service des affaires culturelles et de la communication de la ville de Carouge, Nathalie Chaix, diplômée en histoire de l’art, est heureuse de retrouver un musée. «J’adore les contenus et j’adore la transmission. Etre à la tête d’un lieu d’exposition me permet d’imaginer avec l’équipe la meilleure manière de mettre en scène des objets artistiques. C’est une chance!»
Celle qui fut collaboratrice des Musées d’art et d’histoire pendant plus de dix ans, dont deux passés à la direction de la Maison Tavel, n’est pas du genre à dormir sur ses lauriers. Si, en 2012, Nathalie Chaix a quitté la Maison Tavel, c’est parce qu’elle avait conçu un projet qui repensait la muséographie et que cette proposition dort, depuis, dans un tiroir. A ses yeux, l’art n’est pas une matière inerte et sacrée. Mais une stimulation pour l’esprit, une invitation à ressentir, se réjouir et, surtout, partager.
OPÉRATION GOURMANDE ET FESTIVE
D’où cette opération, gourmande et festive, qui voit des personnalités romandes se définir à travers des peintures, sculptures, dessins, photos, porcelaines et céramiques. Dans le castingd’I Love Musée de
Carouge, on trouve des artistes, bien sûr, mais aussi des politiciens, des journalistes, des sportifs, des professionnels de l’humanitaire ou de la gastronomie. Sur près de 100 candidats contactés, 60 ont relevé le défi et, grâce à une clé USB, se sont promenés virtuellement dans la collection pour dénicher leur objet préféré. Certains se sont déplacés dans les dépôts de sorte à vivre les oeuvres en vrai.
Des surprises? «Oui, répond Nathalie Chaix. J’ai été étonnée
de voir que ce ne sont pas les pièces les plus spectaculaires qui ont retenu l’attention. Et ça m’a amusée aussi de constater que certaines personnes trendy ont choisi des oeuvres très traditionnelles…» Quand on lui pose la question de la pioche qui l’a le plus touchée, Nathalie Chaix n’hésite pas. «Celle de Christa de Carouge. Avant sa disparition, la styliste carougeoise a élu un cendrier de Jacques Kaufmann en disant qu’elle souhaiterait que ses cendres y soient déposées. J’ai été très émue. D’ailleurs, je suis heureuse, car, comme plusieurs personnalités ont retenu des travaux de cette grande dame du stylisme, on a pu aménager un espace Christa de Carouge dans l’expo.»
CHAMBON ET POUSSIN À L’HONNEUR
La designer amoureuse du noir n’est pas la seule à avoir bénéficié de ce traitement de faveur. Le peintre et fondateur du Musée de Carouge, Emile Chambon, a aussi son endroit, de même que le brillant dessinateur Poussin, dont la salle est le coup de frais de cet accrochage à pois. Tiens, d’ail- leurs, pourquoi des pois dorés garnissent-ils les murs du musée? «Parce que le scénographe a voulu souligner le côté cosy, foyer, du lieu en recouvrant les murs d’un effet papier peint», répond Nathalie Chaix. On la regarde, elle pointe en souriant la soupière en porcelaine retenue par le cuisinier Philippe Chevrier. «Savourer sans se priver, c’est aussi la fonction de l’art!» «I Love Musée de Carouge», du 26 avril au 2 septembre, Musée de Carouge, place de Sardaigne 2, Carouge, Genève.