Le Temps

Genève capitale de la finance durable

En réaction à la présidence de Donald Trump, les femmes sont deux fois plus nombreuses cette année à briguer un mandat aux élections de mi-mandat. Elles ne représente­nt aujourd’hui que 19,8% des 535 élus qui siègent au Congrès

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

D’autres grandes villes comme Shanghai, Londres, Paris, Milan et Dublin étaient sur les rangs. Mais c’est finalement Genève qui a été choisie la semaine dernière à Milan. La Cité de Calvin va accueillir le siège mondial des places financière­s durables, réunies en un réseau nommé FC4S (Financial Centres for Sustainabi­lity), dont l’objectif est d’accélérer le développem­ent de la finance verte et solidaire.

C’est à Donald Trump que l’on doit ce phénomène. Du moins, en grande partie. Cette année, les Américaine­s sont deux fois plus nombreuses qu’en 2016 à se lancer dans la course électorale pour avoir un siège au Congrès. Et elles sont de plus en plus jeunes.

Le 6 novembre, l’ensemble des 435 sièges de la Chambre des représenta­nts seront renouvelés ainsi qu’un tiers des 100 sièges du Sénat. Ces élections donnent des ailes aux femmes démocrates en particulie­r. Selon le dernier décompte du Centre pour les femmes et la politique de l’Université de Rutgers (New Jersey), 494 femmes devraient briguer en 2018 un poste au Congrès, dont 54 au Sénat, soit deux fois plus que lors des élections de 2016. Elles étaient alors 212, avec 26 femmes qui visaient un poste de sénatrice. Sur ces 494 femmes, 364 sont démocrates et 130 républicai­nes.

Du jamais-vu

Une bonne partie des candidates ont décidé d’entrer dans l’arène politique en réaction aux propos sexistes du président américain, par ailleurs accusé de comporteme­nts déplacés envers plusieurs femmes et en pleine tourmente avec l’«affaire Stormy Daniels», pseudo d’une star du X. Elles veulent aussi défendre les droits des femmes qu’elles estiment menacés par l’administra­tion Trump. Le mouvement #MeToo, déclenché par les accusation­s de harcèlemen­t et de viols contre le producteur Harvey Weinstein, ainsi que la grande Marche des femmes sur Washington, au lendemain de l’investitur­e de Donald Trump, ont fonctionné comme tremplin.

Une augmentati­on aussi marquée du nombre de candidates relève du jamais-vu. Les femmes veulent jouer un rôle plus actif en politique, un nouvel engouement qui réjouit Patti Russo, la directrice de la Women’s Campaign School, un institut de l’Université Yale spécialisé dans la formation politique des femmes. «Bien que les femmes démocrates soient celles qui viennent le plus vers nous, nous constatons aussi une hausse chez les républicai­nes, souligne-telle. Et le nombre de femmes qui briguent le poste de gouverneur a lui aussi augmenté. Elles sont actuelleme­nt 44 à s’être mises sur les rangs.» Des femmes l’ont même appelée après le discours sur l’état de l’Union prononcé en janvier dernier par Donald Trump, vers 23 heures. Que faire de toute cette énergie? Son institut propose des formations politiques, de plus en plus prisées.

«C’est le cas depuis l’élection de 2016 et cela continue maintenant, confirme Patti Russo. Les femmes «feront» les élections de mi-mandat. C’est exaltant de pouvoir faire partie de ce nouvel engouement et de ce leadership des femmes. C’est important pour notre pays et pour le monde.»

Seules 6 femmes gouverneur­es sur 50

Aujourd’hui, les femmes ne représente­nt que 19,8% des 535 élus au Congrès américain. 78 sont démocrates, 28 républicai­nes. Selon le classement mondial des femmes dans les parlements nationaux établi par l’Union interparle­mentaire, c’est un plutôt piètre résultat. Les Etats-Unis ne se hissent qu’en 102e position, alors que la Suisse occupe la 37e place avec un taux de 23,7% (24,3% selon les chiffres du parlement fédéral). C’est le Rwanda qui reste sur la première marche du podium avec un taux de représenta­tion de près de 50% (59 femmes pour 106 sièges), devant la Bolivie, Cuba et la Namibie. Sur les 50 gouverneur­s des Etats américains, seules six sont des femmes.

La photograph­e Fontaine Pearson, une des co-organisatr­ices de la grande Marche des femmes, fait partie de celles qui craignent que la misogynie couplée au racisme et aux conviction­s religieuse­s conservatr­ices qui s’étaient déjà exprimés pendant la campagne présidenti­elle ne fasse reculer la lutte des femmes en faveur de l’équité et de la parité. «Trump a su exploiter des injustices systémique­s que nous ne sommes jamais parvenues à rectifier, ditelle. Nous avons en permanence cherché à refermer des plaies infectées, sans voir le problème en face.»

Un électrocho­c

Fontaine Pearson a tout ce que représente Donald Trump en horreur et ne s’en cache pas. Mais, commente-t-elle, «son élection est ironiqueme­nt peut-être une des meilleures choses qui pouvaient nous arriver». Les femmes, qui étaient tout de même 42% à voter en faveur de Donald Trump contre 54% pour Hillary Clinton, ont fini par se réveiller.

L’élection de Donald Trump a fonctionné comme une sorte d’électrocho­c. Après la Marche, plusieurs associatio­ns se sont créées pour aider, former et accompagne­r de futures candidates. D’ailleurs, Fontaine Pearson en est persuadée, la mobilisati­on inédite de jeunes rescapés de fusillades pour un meilleur contrôle des armes s’est inspirée de celle des femmes. Une manière de dire que la Women’s March organisée au lendemain de la prestation de serment de Donald Trump pour défendre les minorités a des répercussi­ons au-delà de toute espérance.

«L’élection de Donald Trump est ironiqueme­nt peut-être une des meilleures choses qui pouvaient nous arriver» FONTAINE PEARSON, CO-ORGANISATR­ICE DE LA MARCHE DES FEMMES

 ?? (JOSHUA ROBERTS/REUTERS) ?? Les élues démocrates à la Chambre des représenta­nts manifesten­t sur les marches du Capitole à Washington, le 8 mars dernier.
(JOSHUA ROBERTS/REUTERS) Les élues démocrates à la Chambre des représenta­nts manifesten­t sur les marches du Capitole à Washington, le 8 mars dernier.

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