Le Temps

Salah Abdeslam condamné à 20 ans en Belgique

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

L’unique survivant des attentats du 13 novembre a été jugé coupable, à Bruxelles, de tentative d’assassinat à caractère terroriste. Le début d’un long processus judiciaire

Le jugement a été prononcé en son absence. Unique survivant des commandos responsabl­es des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, 400 blessés), Salah Abdeslam a de nouveau refusé lundi de se rendre à l’audience, au Palais de justice de Bruxelles.

L’homme qui a jusque-là toujours refusé de s’expliquer sur ses actes n’était donc pas présent pour s’entendre condamner à 20 ans de prison, après avoir été déclaré coupable de «tentative d’assassinat à caractère terroriste», tout comme son complice Sofiane Ayari, également absent du banc des accusés. Il leur était reproché d’avoir participé, le 15 mars 2016, à une fusillade avec des policiers dans le quartier bruxellois de Forest, où ils avaient trouvé refuge.

L’énoncé du jugement n’a surpris personne. Arrêté le 19 mars 2016 à Molenbeek, ce quartier de la capitale belge où il a grandi, Salah Abdeslam n’a offert à son défenseur, Me Sven Mary, aucune prise pour d’éventuelle­s circonstan­ces atténuante­s lors du procès qui s’est tenu début février. Refusant de répondre aux questions sur le déroulemen­t des faits, le Franco-Marocain de 28 ans – dont la famille résidait en Belgique et dont le frère Brahim s’est fait sauter dans la nuit du 13 novembre sur la terrasse du café Comptoir Voltaire – a au contraire défié le tribunal, s’exprimant brièvement le premier jour d’audience pour dire qu’il plaçait sa «confiance en Allah et c’est tout».

Détenu en France à l’isolement total à la prison de Fleury-Mérogis, celui que les enquêteurs considèren­t comme l’un des logisticie­ns de l’équipée meurtrière est pour l’heure resté quasi muet sur cette nuit fatale. Il avait été récupéré à l’aube du 14 novembre par deux amis bruxellois – interpellé­s et détenus depuis lors en Belgique – à Montrouge, au sud de Paris, après s’être débarrassé de son gilet explosif dans une poubelle.

Jugé en France en 2021?

Ce procès bruxellois est le second d’une série de rendez-vous judiciaire­s attendus entre la France et la Belgique, après les attentats parisiens et ceux commis dans le métro et à l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts, 300 blessés). Le premier procès a concerné en France Jawad Bendaoud, le «logeur» du chef présumé des commandos parisiens, Abdelhamid Abaaoud, tué le 18 novembre 2015 lors de l’assaut policier sur l’appartemen­t de Saint-Denis où le terroriste avait trouvé refuge. Après deux ans de détention préventive, la justice l’a relaxé, faute de preuves sur l’implicatio­n de ce délinquant connu des services de police dans l’opération terroriste revendiqué­e par Daech.

Le prochain djihadiste à comparaîtr­e en Belgique devrait être, fin 2018, l’auteur de la tuerie du 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche. Ce Français, arrêté à Marseille le 30 mai suivant, a été identifié par plusieurs journalist­es pris en otage en Irak comme ayant été l’un de leurs geôliers. Il était, comme Abdeslam, en relation avec Abdelhamid Abaaoud. Les six juges du parquet antiterror­iste nommés pour mener l’enquête sur la tuerie du 13 novembre envisagent de clore leur instructio­n en 2019. Le procès français de Salah Abdeslam pourrait, lui, attendre 2021.

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